La défaite colle aux Glorieux cette saison. Non seulement perdent-ils leurs matchs sur la patinoire du Centre Bell, mais ils ont de plus baissé pavillon dans la bataille qui les opposait depuis deux ans au syndicat des employés de la boutique de souvenirs de l'équipe. Actionnaire minoritaire du club de hockey, le Fonds FTQ a fait pression auprès de la direction du club de hockey pour dénouer l'impasse, selon nos informations.

«C'est réglé avec le Canadien et son sous-traitant, dit, non sans fierté, Sylvain Bisaillon, vice-président de l'Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et autres (AIEST, local 262, affilié à la FTQ), au téléphone. Les employés sont syndiqués. Ils ont leur convention collective. Les plus anciens ont eu une augmentation de salaire de 30,5% sur trois ans.»

Au moins 5 des 28 employés syndiqués ont vu leur salaire horaire passer de 9,65$ à 12,50$ après la signature du contrat de travail le 2 février. Au terme de la convention collective d'une durée de trois ans, ils recevront 13,01$ l'heure. La plupart des employés sont passés de 9,65$ à 10,75$ l'heure.

À noter que le syndicat ne représente pas les employés de la boutique du centre d'entraînement de Brossard, seulement ceux de la boutique du Centre Bell.

Ce dénouement favorable à l'égard des employés ne manque pas de surprendre étant donné que le Canadien était allé jusqu'à céder l'exploitation de sa boutique souvenir à un tiers le 8 septembre dernier pour ne pas reconnaître le syndicat.

Le repreneur, ITT personnel, avait en effet rapidement contesté l'existence du syndicat devant la Commission des relations du travail en plaidant une exemption prévue à l'article 45 du Code du travail sur la sous-traitance.

L'Alliance avait répliqué en déposant, le 23 septembre, une nouvelle requête en accréditation syndicale, cette fois à l'endroit d'ITT personnel.

Le Fonds FTQ s'en mêle

Selon M. Bisaillon, la FTQ, par l'entremise du Fonds de solidarité, actionnaire minoritaire du CH, ne serait pas étrangère à la tournure des événements. «La FTQ a joué un rôle pour nous donner un coup de main. Il y a eu des pourparlers. Comme vous le savez, le Fonds FTQ est quand même actionnaire du Canadien de Montréal.» Le porte-parole du Fonds, Patrick McQuilken, n'a pas voulu faire de commentaires, ni Donald Beauchamp, du Canadien.

En septembre dernier, La Presse a révélé que le nouvel exploitant de la boutique ITT Personnel était la propriété de Frank Bertucci, par l'entremise de sa firme de placement de personnel Thomson Tremblay. La GRC soupçonne M. Bertucci d'avoir versé un pot-de-vin de 150 000$ à un fonctionnaire de Revenu Canada pour que ses impôts soient réduits de 1,1 million de dollars, selon des documents produits en cour. À noter qu'aucune accusation n'a encore été portée contre Bertucci et les autres fonctionnaires soupçonnés de corruption à Revenu Canada.

Depuis la parution de notre article, Joe Bertucci, frère de Frank Bertucci, l'a remplacé à titre d'actionnaire, a constaté La Presse en consultant les registres publics. Frank reste le secrétaire de Thomson Tremblay. Notre appel auprès du nouveau gestionnaire de la boutique n'a pas eu de suite.

Quant à savoir pourquoi le Canadien entretient des liens d'affaires avec une personne sur qui pèsent des soupçons de corruption, M. Beauchamp a répondu: «Nous n'avons aucune nouvelle information concernant M. Bertucci depuis l'automne. Nos gens suivent le dossier avec beaucoup de vigilance. Il est clair qu'ils vont faire les ajustements nécessaires s'il devait y avoir des développements.»

L'Alliance a prévu le coup. L'entente à l'amiable prévoit qu'en cas de rétrocession de la boutique au Canadien, celui-ci serait lié par l'accréditation syndicale.

Fort de cette victoire, le syndicat prépare déjà le prochain affrontement. «On est à l'étape d'aller voir [la boutique de] Brossard, c'est sûr et certain», a reconnu Sylvain Bisaillon.

- Avec la collaboration Francis Vailles