Ce n'est pas un médicament, mais plutôt un test diagnostic qui a reçu hier matin le feu vert de la Food and Drug Administration (FDA). Un test conçu par la société québécoise DiagnoCure (T.CUR), qui tirera prochainement des revenus de sa vente aux États-Unis.

La décision a eu l'effet d'une bombe en Bourse. Quelques minutes après l'ouverture des marchés, le titre de la société de Québec s'est retrouvé catapulté à 1,25$, en hausse de 76%, avant de retraiter quelque peu.

Une explosion à laquelle Yves Fradet, président, cofondateur et chef des affaires médicales de DiagnoCure, n'a pu assister. Confiné à son bloc opératoire, le Dr Fradet revêtait son bonnet de médecin et opérait comme prévu un patient.

«Bang! , ça nous est arrivé comme ça, a-t-il confié à La Presse Affaires entre deux interventions chirurgicales. On ne pouvait pas prédire quand la décision de la FDA allait venir», a-t-il ajouté pour expliquer son occupation du moment.

DiagnoCure avait soumis son test diagnostique à l'évaluation de la FDA en septembre 2010, convaincue qu'il allait prouver son utilité.

Appelé PROGENSA PCA3, le test permet de détecter la présence d'un cancer de la prostate chez des patients ayant subi une biopsie, mais dont le résultat s'est avéré négatif.

Comme 25% de ces résultats négatifs représentent des erreurs de diagnostic, le test vient non seulement identifier correctement quels sont les patients atteints du cancer, mais permet aussi aux autres d'éviter de nouvelles biopsies.

Un simple échantillon d'urine suffit au diagnostic. Grâce à lui, le test évalue le niveau d'expression d'un acide nucléique qui se trouve en abondance dans les cellules cancéreuses de la prostate et qui provient du gène PCA3.

DiagnoCure vend déjà son test en Europe, et a obtenu l'aval de Santé Canada pour sa commercialisation au pays en août dernier. Avec l'approbation de la FDA, le Dr Yves Fradet s'attend maintenant à ce que les ventes augmentent à la vitesse «grand V».

«On peut maintenant en parler aux médecins, mais aussi à monsieur Tout-le-Monde», a-t-il expliqué en soulignant qu'il n'y avait pas de barrières à la publicité ou au remboursement par les assureurs aux États-Unis.

C'est la société américaine Gen-Probe qui est responsable de la commercialisation du produit à l'échelle de la planète. DiagnoCure lui avait cédé les droits mondiaux pour l'utilisation du gène PCA3 à des fins diagnostiques en 2003.

Ristournes

En retour, DiagnoCure profite de ristournes établies à 8% des ventes du test clinique. Un chiffre qui passera à 16% dès que les ventes cumulatives du test diagnostique auront dépassé 62 millions de dollars. Selon le Dr Yves Fradet, elles seraient actuellement situées à 27 millions.

S'ajoutent aussi les redevances pour deux autres tests créés par DiagnoCure pour la détection du cancer colorectal et celui de la vessie.

Dans ses installations de Québec, l'équipe de 15 employés s'attarde désormais au développement d'un test diagnostique pour détecter les cellules cancéreuses logées dans le poumon.

Après avoir ouvert en hausse de 76%, le titre de DiagnoCure a retraité hier à 99 cents, en hausse de 28 cents, ou 39,4%.