Sept mois après avoir fermé brutalement le News of The World, Rupert Murdoch revient à Londres cette semaine, confronté à une nouvelle crise au sein d'un autre fleuron de son empire de presse, le Sun, dont plusieurs journalistes ont été arrêtés pour «corruption».

Le magnat des médias, qui réside aux États-Unis, avait déjà fait le voyage cet été, en pleine tourmente au News of the World. Le tabloïde avait été contraint de mettre la clé sous la porte début juillet, après avoir été accusé d'avoir fait écouter les téléphones de quelque 800 personnes.

Rupert Murdoch doit se rendre dans la capitale britannique «plus tard dans la semaine», un déplacement prévu avant les derniers rebondissements au Sun, a assuré une source proche du dossier.

Il va, selon une autre source, rencontrer le personnel de ce quotidien qui s'enorgueillit d'être le journal britannique le plus vendu, avec 2,5 millions d'exemplaires par jour.

L'annonce de l'arrestation samedi de cinq piliers de la rédaction, dont le rédacteur en chef adjoint, un responsable du service photo et le chef du service reportages, a soulevé un vent d'inquiétude sur l'avenir du tabloïde. D'autant que quatre journalistes ou ex-journalistes du Sun avaient déjà été arrêtés quinze jours auparavant.

La police enquête sur des pots-de-vin qui auraient été versés notamment à des policiers par des journalistes en échange d'informations, des investigations menées parallèlement à celles sur les écoutes téléphoniques.

Le magnat des médias s'est efforcé samedi de calmer le jeu. La direction de News International, la division britannique de son groupe, a indiqué au personnel qu'elle avait reçu l'«assurance» que Rupert Murdoch allait «garder et continuer à publier» le tabloïde. Tout en reconnaissant que cette affaire était «l'un des plus grands défis» auquel le journal ait été confronté.

Mais la fermeture du NoW est dans tous les esprits.

«Est-ce la fin du Sun ?», s'interrogeait ainsi dimanche l'éditorialiste de The Independent, rappelant que les spéculations sur l'avenir du tabloïde avaient commencé dès la fin de NoW.

«Au rythme où vont les arrestations» au sein du Sun, «il pourrait n'y avoir plus personne pour assurer la parution du journal dans douze mois», notait The Observer.

Empêtré depuis des mois dans le scandale des écoutes qui a ébranlé tout son empire, Murdoch pourrait aussi être tenté de mettre fin de manière radicale à la menace, soulignaient d'autres commentateurs.

L'affaire du Sun est d'autant plus embarrassante que les investigations ont été élargies à d'autres corps que la police: un militaire et une employée du ministère de la Défense figurent parmi les huit personnes arrêtées samedi, puis libérées dans la soirée sous caution.

La police a mené ces investigations sur la base d'informations fournies notamment par News Corporation, le groupe de Rupert Murdoch.

Dénonçant une «chasse aux sorcières», l'Union nationale des journalistes a accusé le patron de presse d'essayer «une fois encore de faire porter le chapeau à des journalistes dans l'espoir de sauver la réputation» de son empire.

«Ces nouveaux développements montrent qu'il n'est plus question seulement d'écoutes téléphoniques», a souligné pour sa part le député Tom Watson, membre de la commission parlementaire qui avait entendu le magnat des médias cet été. «Cela concerne le coeur même de la gouvernance du groupe dirigé par Rupert Murdoch.»