Alors que la haute direction de Facebook peaufine sa stratégie d'entrée en Bourse, les experts s'entendent sur deux choses. L'entreprise n'a pas un besoin vital de nouveaux capitaux, et en digne héritier du non-conformisme de la Silicon Valley, son fondateur, Mark Zuckerberg, est tout sauf un entrepreneur traditionnel. Voici cinq choses qu'il pourrait faire.

Récompenser ses utilisateurs les plus loyaux

Vu son envergure, ce premier appel public à l'épargne sera l'affaire des investisseurs institutionnels. Aucune place pour les petits épargnants. Mark Zuckerberg ayant fondé Facebook sur le principe du «pouvoir à l'individu», plusieurs souhaitent qu'il réserve une partie des actions émises pour ses plus loyaux partisans: ses premiers abonnés.

«Facebook pourrait amorcer une nouvelle façon d'intégrer les petits investisseurs dès le début», pense Ann Sherman, experte en inscriptions boursières à l'Université DePaul, de Chicago.

Lancer son propre téléphone intelligent

Le fabricant taïwanais HTC a mis en marché en 2010 le premier téléphone doté d'une touche Facebook. Ce serait le préambule du lancement, au courant de 2012, d'un premier véritable téléphone Facebook.

Comme Amazon l'a fait pour sa tablette Kindle Fire, l'appareil signé Facebook utiliserait une version lourdement modifiée du système Android, de Google, favorisant l'utilisation de ses services et applications. Les critiques voient peu d'intérêt dans le sans-fil, créneau où les marges sont minimes, mais il reste beaucoup d'argent à faire du côté de l'accès mobile à de la musique, des vidéos et des jeux vidéo.

Acheter T-Mobile

Pourquoi mettre au point un seul sans-fil quand on peut s'offrir un réseau au complet? L'achat avorté de T-Mobile USA par son rival AT&T a relancé les spéculations à propos d'un éventuel partenariat avec Facebook. Déficitaire, T-Mobile devrait épuiser les 3 milliards obtenus en compensation par AT&T d'ici la fin de l'année, forçant l'entreprise à trouver un partenariat le plus tôt possible.

L'analyste Wolfgang Specht, de la firme allemande WestLB, voit dans son spectre d'ondes sans fil le seul actif de valeur de T-Mobile, actif particulièrement attrayant pour une entreprise comme Facebook, qui génère beaucoup d'échanges de données mobiles et pourrait ainsi maximiser la rentabilité d'un réseau sans fil.

Acheter Netflix

Le commentateur américain Hank Greenberg a récemment affirmé que Facebook devrait mettre la main sur Netflix, le géant américain de la vidéo en ligne. S'il y a un phénomène émergent appelé à exploser ces prochaines années, c'est celui de la «télévision sociale», où les téléspectateurs commentent leurs émissions favorites en direct sur l'internet. Le croisement publicitaire entre télé et réseaux sociaux est perçu comme très lucratif par les gourous des nouveaux médias. En prime, Reed Hastings, PDG de Netflix, siège au conseil de Facebook.

À 6,81 milliards, Netflix coûte toutefois un peu cher aux yeux d'une majorité d'observateurs, la plupart laissant entendre que des deux, c'est Netflix qui a davantage besoin de Facebook que l'inverse.

Mettre l'argent à la banque

L'option la plus sûre aux yeux de nombreux experts est de mettre l'argent à la banque. «Étant particulièrement dominant dans son marché, il est difficile de voir ce que Facebook pourrait acheter qui ajouterait vraiment de la valeur. Fort probablement, l'entreprise va faire comme tant d'autres sociétés technos et garder l'argent», prédit François Rochon, président de Giverny Capital, à Montréal.

Après tout, Facebook est en demande de tous les côtés: médias traditionnels, commerçants, fabricants d'électroménagers et constructeurs automobiles, etc. L'équipe de Zuckerberg gagnerait donc à améliorer ses technologies déjà en place, comme Open Graph, qui favorise l'arrimage de services tiers à son réseau.