Serge Godin, le fondateur et président exécutif du conseil de CGI (T.GIB.A), n'est pas inquiet de la baisse de rentabilité de 16% qu'a enregistrée son entreprise à son premier trimestre. «Avec notre marge bénéficiaire de 10%, on bat tout le monde dans le marché», avance-t-il tout en précisant que CGI est en voie de retrouver son allant habituel.

CGI a réalisé un chiffre d'affaires de 1,03 milliard de dollars à son premier trimestre 2012 contre 1,09 milliard au trimestre équivalent de 2011. Les profits de 106,5 millions se comparent à ceux de 154,8 millions, dégagés un an plus tôt.

«C'est essentiellement le résultat de la perte d'un gros contrat, celui du Mouvement Desjardins, qui a provoqué cette baisse temporaire. Nos résultats du premier trimestre sont en hausse par rapport à ceux du quatrième trimestre, et ça, les analystes financiers l'ont bien compris ce matin», observe Serge Godin.

Les investisseurs aussi ne semblent pas avoir été inquiétés par la baisse de rentabilité de CGI puisque le titre a gagné 3% à la Bourse, hier, pour clôturer à 20,86$.

Il faut dire que CGI avait aussi de bonnes nouvelles à communiquer à ses actionnaires qui étaient réunis à Montréal pour leur assemblée annuelle.

La société de services en technologies de l'information a continué d'engranger de nouveaux contrats à une belle cadence pendant toute l'année 2011, soit pour 4,9 milliards de nouvelles ententes. Le premier trimestre de 2012 a été encore plus prolifique avec 1,4 milliard de nouvelles commandes, ce qui porte à 13,6 milliards la valeur totale du carnet de commandes de CGI.

Le groupe informatique, qui réalise près de la moitié de ses revenus annuels aux États-Unis, avait été victime l'été dernier d'un ralentissement dans l'octroi de contrats du gouvernement américain, en raison de la crise budgétaire. La situation a été corrigée depuis, note Serge Godin.

«On a enregistré une hausse de 250% de nos contrats avec le gouvernement fédéral à notre dernier trimestre. Les choses sont revenues à la normale. On est rendu gros aux États-Unis. Seulement à Washington, on a 6000 employés», constate le président exécutif du conseil de CGI.

Langue et panne

Appelé à commenter certains éléments qui ont récemment émaillé l'actualité, Serge Godin a refusé de s'engager trop à fond sur la panne de services informatiques qui a affecté son concurrent IBM à Montréal et qui a paralysé durant près de deux jours les activités de la Banque Nationale.

Est-ce qu'il considère cette panne chez IBM comme une excellente publicité pour les services d'infrastructures de CGI?

«Des interruptions dans le domaine des infrastructures informatiques, tu en enregistres une ou deux par année. L'important c'est d'assurer et de toujours améliorer les services de relève des systèmes. La plus longue panne qu'on a enregistrée a duré trois heures mais c'était pendant la nuit. Ne pas corriger rapidement la situation est un signe de faiblesse», constate-t-il.

Serge Godin n'a pas apprécié que CGI ait été associée à la mini-tempête qui a eu lieu à l'automne entourant l'anglicisation de certaines fonctions dans les hautes directions d'entreprises québécoises, en raison du fait que Michael Roach, le PDG de CGI, soit un anglophone unilingue.

«J'ai eu honte pour nos gens chez CGI. Malgré que l'on soit une compagnie internationale, certains voudraient que l'on garde un caractère et une identité paroissiaux.

«On a des bureaux dans 125 villes à travers le monde et c'est l'anglais qui est la langue d'usage dans au moins 120 de ces bureaux.

«Quand Michael Roach veut parler au chef de la direction informatique (CIO) de Rio Tinto - et c'est son travail de le faire -, il parle à un anglophone basé à Brisbane en Australie. Ça ne change rien à nos activités au siège social à Montréal», insiste Serge Godin.

Une seule question a été posée lors de l'assemblée des actionnaires et elle portait sur les primes de quelque 70 millions que Serge Godin et d'autres membres de la haute direction toucheraient advenant la vente de l'entreprise.

Le cofondateur de CGI a expliqué que cette clause avait été ajoutée aux statuts de la compagnie en 1998 lorsque CGI était vulnérable à une OPA de la part de BCE. Cette clause sera abolie, a-t-il indiqué aux actionnaires.

«CGI n'est pas à vendre. Je suis encore là pour les 15 prochaines années, a confié Serge Godin à La Presse. CGI, c'est ma vie.»