Le Fonds monétaire international a prévenu mardi qu'un ralentissement de l'économie mondiale viendra freiner la relance canadienne.

Le FMI anticipe une croissance de 1,7% de l'économie canadienne cette année et de 2% l'an prochain.

Ces prévisions représentent des reculs de deux dixièmes de point et d'un demi point, respectivement, par rapport aux prédictions émises en septembre.

Cette révision à la baisse permet de croire que l'économie canadienne est tirée vers le fond par les problèmes mondiaux.

Crise en Europe, ralentissement ailleurs

Le fléchissement de la croissance dans le monde en 2012 et une probable récession en zone euro ont poussé le FMI à conseiller aux gouvernements de modérer leurs politiques de rigueur budgétaire.

L'institution de Washington a nettement abaissé, à 3,3% contre 4,0% quatre mois auparavant, sa projection de croissance mondiale pour cette année.

Ce serait nettement moins qu'en 2011 (3,8%), et ce chiffre devrait encore une fois beaucoup aux deux pays les plus peuplés de la planète, la Chine (8,2% de croissance attendue en 2012) et l'Inde (7,0%).

Le FMI s'attend à voir l'Europe plonger encore plus profondément dans la crise. Les deux premières économies de la zone euro connaîtraient une stagnation, avec 0,3% de croissance en Allemagne et 0,2% en France. L'Italie et l'Espagne verraient leur produit intérieur brut chuter, respectivement de 2,2% de 1,7%.

Dans l'ensemble, le PIB de la zone reculerait de 0,5%. Et il est possible que ce soit encore pire, selon le Fonds.

«Le risque le plus immédiat est l'intensification du cercle vicieux entre les pressions sur le financement des États et celui des banques dans la zone euro, provoquant une réduction de l'effet de levier bancaire plus importante et plus durable et des contractions importantes du crédit et de l'activité», a expliqué le Fonds.

Dans cette hypothèse, «l'activité en zone euro se réduirait d'environ 4%» par rapport aux prévisions actuelles et celle dans le monde entier «d'environ 2%».

Chantre de la discipline budgétaire en temps normal, le FMI a appelé à exécuter les plans d'austérité avec précaution. «Un rééquilibrage trop rapide durant l'année 2012 pourrait exacerber les risques», a-t-il prévenu.

«Abaisser la dette est un marathon, pas un sprint. Aller trop vite tuera la croissance et fera encore plus dérailler la reprise», a estimé lors d'une conférence de presse l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard.

«Tous les pays ne doivent pas rééquilibrer de la même manière, ou en même temps, sous peine que leurs efforts s'entre-détruisent. Les pays avec une position budgétaire et extérieure relativement forte, par exemple, ne devraient pas rééquilibrer autant que les pays n'ayant pas cette solidité ou confrontés à la pression des marchés», a ajouté le Fonds.

Mais d'un autre côté, «trop peu de rééquilibrage budgétaire n'est pas une bonne chose, parce que cela alimenterait les craintes quant à la crédibilité de la politique budgétaire», a souligné le directeur des affaires budgétaires Carlo Cottarelli.

Après avoir dû tout au long de l'année 2011 revoir à la baisse ses projections, le FMI a relevé la morosité ambiante.

«Le contexte actuel, caractérisé par des systèmes financiers fragiles, des déficits et dettes publiques élevés, et des taux d'intérêt proches de zéro, offre un terrain fertile à un pessimisme auto-entretenu et à la propagation de chocs négatifs, dont le plus critique est l'aggravation de la crise en zone euro», a-t-il souligné.

Aux États unis par exemple, même si le FMI a maintenu sa prévision 2012 (1,8% de croissance), «l'activité ralentit par rapport au rythme atteint au second semestre 2011, la hausse de l'aversion au risque dégradant la conjoncture financière et la politique budgétaire devenant moins favorable».

Les pays asiatiques, africains ou latino-américains qui tiraient leur épingle du jeu ne sont pas épargnés: «il est aussi prévu que la croissance dans les économies émergentes et en développement ralentira à cause de la dégradation de l'environnement extérieur et d'un affaiblissement de la demande intérieure».

Le FMI chiffre à 500 milliards de dollars ses besoins en ressources supplémentaires pour pouvoir venir à la rescousse de ses États membres face à la crise. Seule la zone euro pour le moment s'est engagée à participer à l'effort, promettant 150 milliards d'euros.

- Avec La Presse Canadienne