Après une année 2010 mouvementée au chapitre des fermetures et des faillites, le secteur québécois des sciences de la vie s'est engagé dans un virage en 2011, misant d'abord sur les universités pour relancer l'industrie.

À Ottawa comme à Québec, les gouvernements souhaitent désormais voir une plus grande part de leurs investissements en recherche se transformer en retombées commerciales.

Occupant la moitié du budget québécois consacré à la recherche, le secteur de la santé n'y échappera pas.

Les universités québécoises ont déjà emboîté le pas à la démarche gouvernementale. L'au­tomne dernier, l'Université Laval annonçait la création d'un programme de dépistage hors du commun. Partout dans l'est du pays, elle cherchera à dénicher parmi les 450 à 600 chercheurs spécialisés en génomique quels sont ceux qui ont la fibre entrepreneuriale.

À l'autre bout de la 20, l'Université de Montréal a elle aussi adopté une mesure pour accélérer le démarrage d'entreprises dans le secteur des sciences de la vie. Son organisme Univalor, spécialisé dans le transfert technologique, a signé une entente de partenariat avec le Centre québécois d'innovation en biotechnologies, un organisme privé qui gère l'incubation d'entreprises naissantes.

Pour soutenir ces entreprises, la société pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) a lancé plus tôt cette année un fonds canadien de 50 millions destiné au soutien des sociétés innovantes du secteur des sciences de la vie. L'annonce tombait à point pour cette industrie qui voit depuis quelques années les investissements en capital-risque s'amenuiser.

En 2006, 44% des investissements en capital-risque ciblaient le secteur des sciences de la vie. Aujourd'hui, il ne récolte plus que 16% du gâteau, soit 55 millions au cours des neuf premiers mois de 2011. À elle seule, Enobia Pharma, une biotech qui développe un médicament pour traiter les patients atteints d'hypophosphatasie, a obtenu 39,1 millions.

Milestone Pharmaceu­ticals, GIcare et Biopharma­copae ont elles aussi béné­ficié d'un appui financier de plusieurs millions au cours de l'année.

Acquisitions et fermetures

Pendant que certaines développent de nouveaux médicaments, d'autres en sont déjà au stade de la commercialisation, ou du moins s'en approchent. C'est précisément ce type de société qu'a cherché à acquérir Paladin Labs au cours de cette année.

Après avoir avalé la lavalloise Labopharm en août dernier, Paladin s'est attaqué à Afexa Life Sciences, une entreprise d'Edmonton qui commercialise le médicament Cold FX. C'est finalement Valeant qui mettra le grappin dessus.

Gemin X a aussi été l'objet d'une acquisition cette année. Cephalon a acheté l'entreprise montréalaise pour 225 millions avant d'être à son tour absorbée, deux mois plus tard, par le géant israélien Teva.

Uman Pharma de Candiac, une spécialiste du médicament générique, a subi un sort similaire l'automne dernier quand le géant chilien CFR a pris le contrôle de 51% de ses actions.

Si le secteur des sciences de la vie a écopé de son lot de mauvaises nouvelles en 2010, l'année qui prend fin l'a plutôt ménagé.

Seules ombres au tableau, la fermeture de la division Ratiopharm de Teva à Mirabel et la perte de ses 340 emplois qui s'ajoutent à la soixantaine de postes supprimés chez Theratechnologies.