Le taux annuel d'inflation s'est stabilisé le mois dernier à 2,9% et il semble en voie de ralentir quelque peu cet hiver.

La décélération marquée des prix de l'essence et des vêtements y est pour beaucoup. Selon les données de Statistique Canada, le prix de l'essence avait bondi de 18,2% en un an, en octobre. Un mois plus tard, c'est limité à 13,5%. Et si la tendance se maintient à la pompe, la décélération se poursuivra à mesure que se replient les prix du baril de pétrole. Bien qu'en hausse hier, les contrats à terme sur le baril de Brent et de West Texas Intermediate étaient bien en deçà des 100$US, un niveau qu'ils avaient franchi allègrement durant tout le printemps, dans la foulée du soulèvement arabe.

Sur une base désaisonnalisée, les prix des vêtements et chaussures ont reculé pour le cinquième mois d'affilée, cette fois-ci de 0,8%.

En revanche, ceux des aliments et des voitures ont continué de grimper. Les premiers progressent de 4,9% en rythme annuel, les secondes de 1,8%, mais c'est sans compter la majoration des prix des polices d'assurance.

«Si on regarde les chiffres mois après mois depuis un an, on constate en effet que l'inflation se stabilise. Tant l'inflation totale que de base décélèrent depuis trois mois», fait remarquer Jacques Marcil, économiste principal chez TD.

Sur une base provinciale, les prix ont reculé dans six provinces, dont le Québec, où leur marche atteignait tout de même 3,2%. C'est bien davantage que la hausse annuelle du salaire moyen.

En ce qui concerne l'inflation de base, c'est-à-dire celle qui mesure les tendances de l'indice des prix à la consommation en en soustrayant ses huit composantes les plus volatiles telles que les fruits et légumes, l'essence ou le gaz naturel, elle s'est maintenue à 2,1%, grâce à une faible avancée de 0,1% d'octobre à novembre. C'est tout de même un cran au-dessus de la projection de la Banque du Canada pour le quatrième trimestre.

«L'inflation de base était faible en octobre, mais son rythme annualisé de 3,1% des cinq derniers mois reste le plus élevé depuis 2002, note Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Cela dit, il existe tellement de risques externes baissiers pour l'économie que la Banque du Canada va jouer de prudence et maintenir sa politique monétaire très stimulante au cours d'un avenir prévisible.»

Les économistes ne s'entendent cependant pas sur la durée de l'avenir prévisible, certains y voyant une période de six à neuf mois, d'autres d'au moins un an encore. Le taux directeur de la Banque du Canada est fixé à 1,0% depuis septembre 2010.

Quant à l'inflation totale, elle demeure plus tenace que ce qu'escomptent les autorités monétaires qui la voient ralentir à un rythme annuel de 1,9% dès l'hiver dans lequel nous entrons.

Pour l'ensemble de 2011, le taux annuel moyen d'inflation aura sans doute été de quelque 3%, soit le plus élevé en 20 ans, note Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. «Cela dit, le Canada a un des taux d'inflation les plus faibles dans le monde, même à 2,9%. Les États-Unis sont à 3,4%, la zone euro à 3%, le Royaume-Uni et la Chine à plus de 4%.»

Aucune des banques centrales de ces régions n'envisage pourtant de resserrement monétaire à court terme, étant donné les grandes incertitudes qui persistent. Il se pourrait même que ce soit la nôtre qui fasse un tel geste, une fois terminé... l'avenir prévisible.