Le gouvernement canadien se retire peut-être du protocole de Kyoto, mais il en faudra plus pour freiner les projets ambitieux d'un Montréalais. De son bureau du quartier Griffintown, Stephan Ouaknine assemble un plan pour dynamiser les énergies renouvelables et les rendre accessibles aux consommateurs du monde entier.

«On ne peut pas attendre que les gouvernements prennent les décisions. Il faut que le secteur privé se lève», lance d'emblée Stephan Ouaknine. Pour le moment, de 3 à 4% de l'électricité du monde provient des énergies vertes. Il faudrait déjà être à 80% ou 85%, mais au rythme où vont les choses, ça va prendre 100 ans pour atteindre cet objectif, et on n'a pas 100 ans.»

Animé par ce sentiment d'urgence, Stephan Ouaknine a passé la dernière l'année à intéresser les investisseurs de la planète à son projet: rassembler un milliard de dollars dans un fonds dédié au secteur des technologies vertes.

L'objectif est pour le moins ambitieux. À eux seuls, les actifs de Fonds Inerjys seront huit fois supérieurs à ceux que gère Cycle Capital Management, un fonds québécois qui oeuvre dans le même secteur. Jusqu'ici, la campagne de financement va bon train. Stephan Ouaknine affirme avoir obtenu des engagements qui s'élèvent à 700 millions de dollars, et s'attend à fermer la boucle d'ici les premiers mois de 2012.

De ce milliard, 600 millions seront consacrés aux PME qui innovent en matière de technologies vertes. Énergies éolienne, solaire et hydraulique, production de biocarburants ou de systèmes de distribution et d'emmagasinage d'énergie: des dizaines d'entreprises engagées dans les énergies renouvelables viendront bientôt garnir le portfolio d'investissements d'Inerjys. Son président en a déjà d'ailleurs une quarantaine dans sa mire.

«On investira dans des entreprises qui sont au pire à un an de la commercialisation, explique Stephan Ouaknine. Mais on va aussi investir dans les entreprises en démarrage.»

Inerjys offre déjà dans ses bureaux un espace dédié à l'incubation de ces petites entreprises. Une façon pour elle d'encadrer leur développement, mais aussi de réunir sous un même toit de potentiels partenaires d'affaires.

Un premier client

Les fonds de capital-risque comme celui que mettra bientôt de l'avant Inerjys interviennent à un moment où les PME ont besoin d'un coup de pouce financier pour maintenir ou accélérer leur croissance.

L'investissement représente toutefois un pari qui ne garantit pas au gestionnaire un retour sur son placement. Le risque est grand. Une fraction seulement des entreprises atteindra la rentabilité.

Le président d'Inerjys en est bien conscient. «On a deux obsessions, dit-il. La rentabilité et les revenus.»

Pour accélérer l'atteinte de la profitabilité des entreprises de son fonds, Stephan Ouaknine travaille à la mise en place du second volet de son plan: Inerjys Renouvelables.

«On développe un client idéal pour nos entreprises», explique-t-il.

Inerjys Renouvelables en est à ses débuts, mais compte déjà des filiales dans sept pays. À terme, ce producteur d'énergies «propres» achètera une partie des technologies développées par les entreprises du fonds. Une façon pour Inerjys de générer d'un côté un effet de levier et de l'autre des revenus.

«On va avoir une tolérance un peu plus grande au risque que la grande entreprise, indique Stephan Ouaknine. On va pousser l'innovation et lui faire faire ses premiers tests en même temps pour montrer aux autres entreprises que la technologie est bonne.»

Une stratégie ambitieuse d'intégration verticale qui risque de bousculer le secteur si elle remplit ses promesses.

«Inerjys Renouvelables aura ses filiales dans plusieurs pays et va éventuellement être suffisamment grande pour renverser la balance de pouvoir face aux équipementiers», ajoute le président d'Inerjys qui compare son modèle d'affaires à celui de Vodafone dans le secteur des télécommunications.

Des télécoms aux technologies vertes

La référence de Stephan Ouaknine aux télécoms n'est pas surprenante. L'homme de 37 ans a fait fortune dans ce secteur au cours des dernières années en lançant, puis en revendant pour des millions de dollars les entreprises Emblaze, Airslide et Blueslice. Une expérience qui lui a fait découvrir les rouages du financement, et dont il souhaite maintenant faire profiter les entreprises du milieu des technologies vertes.

«Notre fonds vient avec de l'argent, mais aussi avec la culture d'un investisseur et de son équipe qui comprennent la réalité de l'entreprise parce qu'ils ont été entrepreneurs par le passé.», précise d'ailleurs le président d'Inerjys.

Président et fondateur Stephan Ouaknine

Investisseurs Inerjys administre les capitaux de particuliers et de familles fortunées, ainsi que d'investisseurs institutionnels et stratégiques issus de l'industrie de l'énergie.

Le concept et 140 caractères Inerjys est à la fois un fonds de capital-risque en technologies vertes et un producteur mondial d'énergies renouvelables

Objectifs d'ici un an «Compléter d'abord le financement du fonds d'un milliard de dollars, puis effectuer le plan d'affaires d'Inerjys.»

Stephan Ouaknine