Les investisseurs américains ont renâclé vendredi à miser sur les jeux Zynga (ZNGA), qui sont portés par la mode des réseaux sociaux mais pénalisés par la décélération de leurs résultats et la volatilité d'autres valeurs internet lancées récemment.

Vers 12h30, l'action ZNGA cotait 9,80$ au marché NASDAQ, en baisse de 2% par rapport au cours d'introduction de 10 dollars annoncé jeudi soir.

Connu pour ses jeux Mafia Wars, FarmVille ou encore Café World, Zynga est le leader mondial des «jeux sociaux», prisés des joueurs occasionnels aimant échanger leurs résultats avec d'autres internautes, surtout via Facebook.

L'opération, qui valorise Zynga à 7 milliards de dollars, a séduit suffisamment d'investisseurs pour que la jeune société californienne vende ses actions 10$, dans le haut de sa fourchette annoncée il y a deux semaines.

Mais plusieurs analystes, comme Arvind Bhatia, de Sterne, Agee & Leach, ont estimé que la jeune société était surévaluée, et l'action a rapidement tourné à la baisse.

«Même si nous croyons au potentiel des jeux sociaux, nous pensons que la croissance de Zynga ralentit encore plus vite qu'il n'apparaît au premier abord, ses marges sont sous pression et la marge brute d'autofinancement disponible a récemment décliné», a fait valoir M. Bhatia.

«Zynga est valorisé à deux fois les multiples de son plus proche concurrent Electronic Arts, c'est cher», a aussi relevé Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.

«La croissance, tout en restant extrêmement importante, a connu une forte décélération, or (normalement) on achète une (introduction en Bourse) pour un accélération de la croissance», a aussi noté M. Volokhine.

Au titre de 2010, Zynga a publié un chiffre d'affaires, généré par la vente de biens virtuels aux joueurs et la publicité, de 597,46 millions de dollars, presque quintuplé en un an. L'entreprise californienne a dégagé un bénéfice net de 27,89 millions de dollars.

Pour les neuf premiers mois de l'année 2011, le chiffre d'affaires a été plus que doublé sur un an à 828,86 millions de dollars. Le bénéfice net de 30,69 millions de dollars a été reversé resté aux fonds d'investissement qui participent au financement du groupe.

L'opération d'entrée en Bourse, avec 1 milliard de dollars de titres offerts, voire 1,15 milliard de dollars en cas de fort intérêt des investisseurs, est la deuxième plus grosse opération pour une valeur internet aux Etats-Unis, après Google en 2004 mais devant le site de bonnes affaires Groupon le mois dernier.

A moyen terme, estime l'analyste Lou Kerner, fervent amateur des valeurs de «l'internet social», «le modèle d'affaires de Zynga est un peu plus mature que celui de Groupon, donc on s'attend à moins de volatilité dans le cours de l'action».

Groupon a connu des premières semaines de cotation particulièrement agitées, tombant sous son cours d'introduction avant de se reprendre un peu en décembre. Vendredi le titre chutait encore de 4,42% (à 22,06$), dans le sillage probablement de la performance mitigée réalisée par Zynga.

Google, en revanche, était en hausse (+0,81% à 624,58$), le signe, selon M. Volokhine, que ce n'est pas tout internet qui inspire le scepticisme, mais une série de jeunes sociétés, y compris la radio en ligne Pandora (-0,29% à 10,44$) ou le réseau social professionnel LinkedIn (-2,98% à 64,4$), dont «on ne se demande si elles seront encore là dans cinq ans».

Or dans un marché attentiste en raison de l'actualité macroéconomique, «qui a envie de prendre des risques un vendredi?» en misant sur Zynga, demande-t-il.

Pour lui, les contre-performances de Zynga ou Groupon ne devraient pas peser sur les perspectives du géant au 800 millions d'utilisateurs, Facebook, bien différencié: «ce n'est pas un petit joueur, (..) on ne se pose même pas la question» de son existence à moyen terme. Ce qui semble de bon augure pour son entrée en Bourse attendue l'an prochain.