Déjà terne au Canada, le portrait de l'emploi s'est assombri encore davantage au Québec, où plus de 30 000 emplois ont été perdu en novembre. Pour la première fois depuis la fin de la récession, le taux de chômage québécois dépasse celui de son voisin ontarien, selon Statistique Canada.

Le commerce de détail a particulièrement écopé avec une ponction de 27 700 emplois. On note aussi des pertes significatives dans le secteurs de la culture, l'information et les loisirs (-9200) et celui de l'agriculture (-7100), selon Statistique Canada. Le taux de chômage du Québec s'établit maintenant à 8%.

Un secteur s'en tire toutefois bien en novembre, soit celui de la restauration et de l'hébergement, en hausse de 6,5%. «Nous sommes en recrutement tout au long de l'année, dans toutes les régions, mentionne à cet effet Josée Vaillancourt, conseillère principale en communications des Rôtisseries St-Hubert, qui comptent 9000 employés. Pour certains postes, on a même de la difficulté à recruter.»

Si, en général, la situation est plus rose en Ontario où on note une hausse de 16 600 emplois, les récentes données sur l'emploi de Statistique Canada témoignent d'un taux de chômage en hausse au Canada de 0,1% pour s'établir à 7,4% et d'une perte de 18 600 postes. «Ces données sont d'autant plus ternes qu'elles font suite à la perte de 54 000 emplois en octobre, souligne Matthieu Arseneau, économiste de la Banque Nationale. Cela dit, il ne faut pas oublier la volatilité inhérente des statistiques canadiennes sur l'emploi: en septembre, le marché avait connu une poussée de 61 000 postes. La tendance de l'emploi est stable pour les trois derniers mois. En au Québec, malgré ces pertes démesurées, l'emploi du secteur du commerce est revenu au niveau où il se situait au début de l'année.»

«Le secteur du commerce de détail au Québec, c'est 635 000 emplois, dit aussi Gaston Lafleur, pdg du Conseil québécois du commerce de détail. C'est le principal secteur d'emploi avec le secteur manufacturier. Il se peut que ce soit une variation temporaire. En ce moment, à la veille de Noël, on vit plutôt une pénurie de main-d'oeuvre.»

Au Canada, le secteur du commerce de détail et de gros a perdu 34 100 emplois. Et celui des services, 29 200 emplois. Les secteurs de la construction et des ressources naturelles affichent cependant une hausse respectives de 19 600 et 9900 postes.

Les baisses marquées sont principalement attribuables aux emplois à temps partiels (- 53 000), car le Canada a gagné 34 600 emplois à temps pleins.

Les homme perdents, les femmes gagnent

L'évolution de l'emploi est positive chez la main d'oeuvre féminine de 25 à 54 ans ("1,3%). Il s'est accrû encore davantage chez les 55 ans et plus: 2,1%. Les hommes ont toutefois perdu 20 000 emplois, en novembre.

Et chez les 15-24 ans, qui occupent principalement des emplois à temps partiel? Il s'apparente à la situation des hommes de 25-54 ans: une perte de 17 800 emplois. «Il faudrait une performance hors du commun pour que l'année qui se termine passe à l'histoire, note Joëlle Noreau, économiste principale de Desjardins. Trop de circonstances en ont fait une année plutôt terne en matière de création d'emplois au Québec et en Ontario. L'année 2012 s'annonce une assez modeste et le marché du travail ne pourra afficher une croissance de l'emploi digne de mention tant et aussi longtemps que planera l'ombre de la récession. Toutefois, en raison du vieillissement de la population active, le taux de chômage est appelé à diminuer.»