Si la tempête galactique qui secoue l'économie mondiale s'apaise, l'expansion canadienne devrait se poursuivre près de son rythme optimal. Celle du Québec aussi.

«Notre dollar est surévalué et on en subit les conséquences, affirme Maurice Marchon. Mais une croissance de 2,1%, c'est bon.»

«La crise mondiale nous rattrape, signale François Dupuis. On le voit déjà avec les régimes de retraite.»

On en sera quitte pour une croissance molle aux alentours de 2% au cours des prochaines années.

Au Québec, un peu moins tout de même à cause d'un plus faible potentiel attribuable à un vieillissement de la population plus prononcée et une productivité plus faible.

«On n'a pas eu de dure récession ce qui fait que la reprise a été faible et que l'expansion sera faible», ajoute Stéfane Marion.

«Et puis, il y a un resserrement fiscal. Il existe au Québec, mais après ce sera au tour de l'Ontaro, ajoute Carlos Leitao.

Le premier janvier, la taxe de vente augmente encore d'un point de pourcentage tandis que la remise à flot du Régime des rentes entraînera une hausse de deux dixièmes par année des cotisations, qui vont passer de 9,9% à 10,8% du salaire admissible.

La société distincte devrait un peu mieux que cette année au chapitre de l'emploi avec un ajout de 3000 à 45 000. Au Canada, les prévisions vont de 150 000 à 210 000 ce qui correspond grosso modo au rythme de 2011.

Stéfane Marion se démarque de ses confrères en voyant une expansion de l'emploi manufacturier. «Je suis plus optimiste parce que je prédis davantage de mises en chantier aux États-Unis.»

Maurice Marchon croit plutôt que l'économie canadienne se transforme: des emplois en usines disparaissent, mais d'autres apparaissent sous de meilleurs cieux: dans les services et les ressources naturelles. Et puis, s'il y avait une croissance grâce surtout à des gains de productivité, ce ne serait pas une mauvaise chose.»

C'est aussi en tenant compte de cette mutation que Stéfane Marion prédit que la Banque du Canada ira de l'avant avec trois hausses de son taux directeur en seconde moitié d'année. Les pressions sur les prix et les salaires à l'ouest de l'Ontario font sourciller les autorités monétaires. «Si on assiste à une embellie de l'économie mondiale, il deviendra difficile de justifier des taux réels négatifs», précise-t-il.

«La Banque du Canada est prête à tolérer une certaine inflation», objecte Carlos Leitao.

Tous s'entendent cependant sur une chose: une baisse de taux n'est pas dans leur carte du ciel, à moins d'une crise financière planétaire.

Maurice Marchon est persuadé qu'elle n'aura pas lieu: «On n'est pas pris de court comme en 2008.»