Moins de 6 ans après avoir investi 650 millions de dollars pour faire l'acquisition du câblodistributeur Cabovisao, au Portugal, Cogeco Câble (T.CCA) est sur le point de brader ce nouveau mouton noir - qui lui a coûté très cher - pour une bouchée de pain.

C'est l'agence de presse portugaise Lusa qui a éventé la nouvelle selon laquelle Cogeco se serait rapproché de négociants internationaux du secteur des télécoms ainsi que de fonds d'investissement dans le but de susciter des «expressions d'intérêt» à l'endroit de la chaîne Cabovisao.

Cette nouvelle survient quatre jours après que Marthino Tojo, premier vice-président de Cogeco Câble et directeur général de Cabovisao, eut déclaré dans un discours que l'industrie portugaise de la câblodistribution était mûre pour faire l'objet d'une consolidation.

Tout en précisant qu'il ne souhaitait pas nécessairement que Cogeco vende Cabovisao, M. Tojo a toutefois déclaré que «la consolidation est inévitable. C'est une option que nos actionnaires doivent avoir sur la table à tout moment».

Chez Cogeco Câble, on n'a pas voulu commenter la situation. Pierre Gagné, premier vice-président et chef de la direction financière, a demandé quelques minutes pour terminer une réunion et a promis de rappeler La Presse, mais il ne l'a jamais fait.

Une transaction coûteuse

Cogeco a fait l'acquisition de Cabovisao en 2006 - qui était à l'époque le deuxième câblodistributeur au Portugal - au prix de 658 millions. Louis Audet, PDG de Cogeco, estimait à l'époque avoir payé un juste prix pour faire son entrée en Europe, dans un pays en pleine émergence.

On le sait, la situation économique et budgétaire du Portugal s'est passablement détériorée, au point que Cogeco assiste depuis trois ans à une vague incessante de désabonnements. Un nombre sans cesse grandissant d'abonnés n'a tout simplement plus les moyens de se payer le câble.

La détérioration financière de Cabovisao a forcé Cogeco à radier totalement, en trois étapes, la valeur comptable de son investissement. Elle a été ramenée à zéro, au cours de l'été.

Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser, n'est pas surpris par la nouvelle de la vente de Cabovisao et du prix espéré de 150 millions qui a été évoqué par un analyste financier de chez UBS.

Jarislowsky Fraser est le troisième plus important investisseur dans Cogeco, derrière la famille Audet et Rogers Communication

«Cabovisao n'allait nulle part. De deuxième câblo au pays, il est tombé à troisième, puis quatrième. On ne sait plus au juste. Et pour maintenir son investissement à niveau et espérer conserver ses parts de marché, Cogeco aurait été forcé d'investir encore beaucoup d'argent», observe le gestionnaire de fonds.

Selon Denis Durand, Cogeco pourrait utiliser le gain de 150 millions pour verser un dividende spécial à ses actionnaires. Chose certaine, il était temps, selon lui, de tirer un trait sur cette aventure européenne qui s'est transformée en catastrophe financière.