Warren Buffett a effectué des achats massifs d'actions d'IBM (IBM) au cours des derniers mois, si bien que Berkshire Hathaway détient maintenant 64 millions d'actions, soit 5,5% du total des actions en circulation.

Mais est-ce opportun pour l'investisseur individuel d'emboîter le pas au vénérable investisseur âgé de 81 ans?

Un des meilleurs titres

IBM est depuis quelques années un des meilleurs titres de l'indice Dow Jones, admet Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale. Sa performance relative des dernières années a été excellente. Le titre a atteint de nouveaux sommets historiques, ce que n'a pas réussi l'indice depuis plusieurs années. Depuis le creux de mars 2009, le cours de l'action d'IBM a plus que doublé.

Le moment idéal pour acheter l'action s'est toutefois présenté l'année dernière, explique l'analyste. De janvier à octobre 2010, l'action a fluctué dans un couloir de négociations dont les bornes inférieure et supérieure étaient respectivement 115$US et 130$US. Mais, à la fin du mois d'octobre 2010, le titre a excédé la borne supérieure du couloir, signalant alors qu'il se dirigeait vers de nouveaux sommets. «À ce moment, on pouvait entrevoir un objectif minimum de 190$US», dit M. Mark. Le titre a clôturé hier à 187,35$US.

La carte routière

Valérie Cecchini, vice-présidente, actions, chez Investissements Standard Life, croit qu'il est un peu tard pour acheter des actions d'IBM. Bien qu'elle reconnaisse les qualités du géant de l'informatique, elle préfère actuellement réduire ses positions dans IBM, encaisser ainsi des profits, et replacer une partie des fonds vers des titres plus cycliques, tels les semi-conducteurs.

Warren Buffett, investisseur à long terme, justifie ses achats par sa conviction que la firme réalisera les objectifs qu'elle s'est fixés pour 2015, car elle a toujours bien suivi jusqu'à maintenant sa carte routière. La firme prédit qu'elle réalisera des bénéfices annuels de 20$US par action en 2015, comparativement à 13,35$US cette année.

La croissance des bénéfices d'IBM provient de l'augmentation de ses marges bénéficiaires. L'entreprise a amorcé un changement significatif il y a plusieurs années en abandonnant graduellement la fabrication d'ordinateurs personnels pour se consacrer aux logiciels et aux services. La moitié de ses bénéfices provient maintenant du secteur des logiciels.

Ce changement lui a également permis de s'attaquer avec succès aux marchés émergents. «IBM a changé complètement son image», dit Mme Cecchini. «Elle se présente à eux comme la firme qui les aidera à intégrer leurs systèmes et non celle qui cherche à leur vendre de grosses machines.»

L'action d'IBM est intéressante surtout par la façon dont les dirigeants gèrent ses capitaux, selon François Rochon, président de Giverny Capital. L'entreprise assure que 70% des flux de trésorerie qu'elle générera seront retournés aux actionnaires. Elle verse déjà un dividende de 3$US l'action, et elle maintient un programme dynamique de rachat d'actions.

Buffett et la technologie

Bien que l'oracle d'Omaha n'ait jamais été reconnu comme un fervent partenaire des sociétés de technologies, il ne faut pas se surprendre qu'il achète des titres d'IBM, souligne M. Rochon. «C'est qu'IBM n'en est plus une», dit-il. Les sociétés de technologies sont celles qui doivent se renouveler totalement tous les trois ou quatre ans, ce qui n'est pas le cas d'IBM, selon lui.

États donné que la volatilité des marchés boursiers devrait se poursuivre, trois raisons peuvent justifier les investisseurs individuels à détenir des actions d'IBM même si le prix a beaucoup monté, résume Valérie Cecchini. D'abord, l'entreprise est en bonne santé financière et elle le demeurera. Puis, il s'agit d'actions américaines, ce qui est une bonne chose étant donné les risques auxquels sont soumises actuellement les sociétés européennes. Enfin, le dividende sera certainement augmenté au cours des prochaines années, selon elle.

Rappelons toutefois qu'à 14 fois les bénéfices, ce n'est sûrement plus une aubaine. Même pour Warren Buffett. Mais sa présence ne découragera sûrement pas les acheteurs potentiels, croit François Rochon.