Ubisoft n'atteindra vraisemblablement pas son objectif de 3000 employés au Québec en 2013. Malgré tout, le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, reste optimiste quant à l'avenir de son studio phare à Montréal, le plus gros de toute l'industrie du jeu vidéo en Amérique du Nord et en Europe. «Ubisoft Montréal est destiné à un avenir brillant», a-t-il dit en entrevue exclusive à La Presse Affaires.

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En 2007, à l'occasion du 10e anniversaire de son arrivée à Montréal, Ubisoft a annoncé son intention de passer de 1500 à 3000 employés au Québec en 2013 au cours d'une conférence de presse aux côtés du premier ministre Jean Charest. Depuis un an, l'entreprise française reste stable à 2500 employés au Québec. Son objectif de 3000 employés au Québec en 2013 est sérieusement compromis, notamment en raison de l'arrivée de concurrents comme Warner Brothers et THQ depuis l'annonce de 2007.

L'an dernier, Ubisoft a aussi ouvert un studio à Toronto qui comptera à maturité 800 employés en 2019.

«Ça va dépendre de notre capacité de recrutement, dit Yves Guillemot, qui débarque aujourd'hui à Montréal pour sa première visite publique depuis l'annonce de 2007. Aujourd'hui, si on pouvait les recruter, on les aurait (les 3000 employés en 2013). Il n'y a pas assez de talent disponible, car beaucoup d'entreprises se sont installées. Il a fallu arrêter le Campus Ubisoft, donc on a moins de personnes que l'on forme pour nous. Heureusement, on a pu recruter un peu plus de gens depuis le début de l'année.»

Non seulement Ubisoft Montréal manque-t-elle de main-d'oeuvre, mais Yves Guillemot dément les rumeurs circulant dans l'industrie mont-réalaise du jeu vidéo selon lesquelles Ubisoft garde plusieurs de ses employés au boulot malgré un manque de projets. «Il peut y avoir quelques rares personnes qui sont mal affectées, mais on manque de talents présentement. Le studio de Montréal pourrait se développer plus vite (avec plus d'employés). Certains projets tardent un peu», dit Yves Guillemot, qui ne veut pas se lancer dans des guerres salariales avec ses concurrents pour atteindre ses objectifs de recrutement.

Le grand patron d'Ubisoft, qui emploie environ 30% de l'industrie québécoise du jeu vidéo, reste diplomate sur la question des subventions directes accordées depuis deux ans par le gouvernement Charest à ses concurrents Warner Brothers (7,5 millions pour 300 employés), THQ (3,1 millions pour 400 employés) et Square Enix (2 millions pour 350 employés). Ces subventions directes s'additionnent au crédit d'impôt québécois de 37,5% sur les coûts de main-d'oeuvre disponible à tous les studios en sol québécois. «On a régulièrement eu des initiatives gouvernementales qui ont fait grandir Ubisoft Montréal, dit Yves Guillemot. Qu'il en soit donné à d'autres pour les faire grandir, pourquoi pas. Mon problème est beaucoup plus de trouver des gens bien formés sans être obligé de ne plus être compétitif (avec les salaires), pas de comparer avec ce que les autres ont.»

Une année difficile en Bourse

À court terme, Yves Guillemot a toutefois un souci plus pressant que l'épineux dossier de la main-d'oeuvre montréalaise: la performance boursière d'Ubisoft, dont le titre a perdu 49% de sa valeur en 2011. Seulement hier, alors que les marchés boursiers européens ont été perturbés par la crise financière, le titre d'Ubisoft a perdu 6,8% pour clôturer la séance à 4,07 euros à la Bourse de Paris.

Le grand patron d'Ubisoft reste toutefois confiant d'atteindre ses objectifs financiers: un bénéfice d'exploitation courant de 40 à 80 millions pour l'année financière se terminant le 30 mars prochain. Historiquement, la période des Fêtes qui s'amorce représente la moitié des ventes annuelles d'Ubisoft. «On a une bonne gamme de jeux à venir», dit Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft. Le plus attendu? Assassin's Creed: Revelations, réalisé en grande partie à Montréal et lancé le 15 novembre prochain. Les trois premiers opus de la série Assassin's Creed se sont vendus à entre 9 et 10 millions d'exemplaires chacun.

Depuis juillet 2010, les Québécois ont une raison de plus de surveiller le titre d'Ubisoft: Investissement Québec détient 4,5% des actions de l'éditeur de jeux vidéo, qui ont été achetées à 6,75 euros l'unité à l'époque pour un total de 40 millions CAN. Investissement Québec a perdu 40% de son investissement initial jusqu'à maintenant.

Au Québec, Ubisoft compte 2100 employés à son studio de jeu vidéo de Montréal, 300 employés à son studio à Québec et 100 employés à sa boîte d'effets spéciaux Hybride dans les Laurentides. Electronic Arts compte 750 employés au Québec.