Le retour progressif à la normale de la production pétrolière albertaine a stimulé la croissance économique du Canada pour le deuxième mois d'affilée.

Le produit intérieur brut (PIB) réel a crû de 0,3%, après un bond de 0,4% en juillet, préalablement estimé à 0,3% par Statistique Canada. Cette poussée fait passer de 2,3% à 2,4% la croissance annuelle de juillet à août.

C'est au bond de 3,3% de l'extraction minière, pétrolière et gazière qu'il faut attribuer l'expansion du mois, plus forte que les attentes des prévisionnistes. Sans elle, l'économie aurait plutôt fait du surplace.

On observe aussi de légers gains dans la construction, le commerce de détail et les services financiers. Ils sont annulés par des reculs dans les services publics, l'agriculture, le commerce de gros, les arts, spectacles et loisirs de même que par les services d'hébergement et de restauration.

Fait étonnant, la production en usines a aussi reculé, malgré l'augmentation appréciable de 1,1% du volume des ventes des fabricants. Cela laisse supposer qu'ils ont choisi de déstocker.

«Le gain plus élevé que prévu en août illustre davantage le caractère transitoire de la faiblesse économique du deuxième trimestre qui a produit un recul de 0,4% du PIB en rythme annuel», note Paul Ferley, économiste en chef adjoint chez RBC.

Durant le printemps, la production automobile avait été compromise par la rupture des chaînes d'approvisionnement en provenance du Japon et par de dangereux feux de forêt en Alberta.

L'économie ontarienne a été très touchée en subissant un repli de 1,3% au printemps. Comme l'économie canadienne, elle a sans doute rebondi cet été puisque la production automobile a retrouvé toute son erre d'aller.

En revanche, la production pétrolière et gazière n'a pas retrouvé toute sa capacité perdue en raison du temps nécessaire à la remise complète en état de l'oléoduc Rainbow. «Les données quotidiennes d'exportations indiquent que le retour à la normale de l'activité du pipeline s'est produit seulement à la fin de septembre, fait remarquer Sheryl King, économiste chez Bank of America Merrill Lynch. Attendez-vous donc à une autre contribution mensuelle de cette industrie.»

Si, d'aventure, l'économie avait stagné en septembre, sa croissance trimestrielle en rythme annuel aurait été de près de 2,5%, soit un demi-point de pourcentage de plus que le scénario de la Banque du Canada, et un rythme semblable à celui de l'économie américaine.

«Pour que le scénario de la Banque se concrétise, il faudrait un recul du PIB réel de 0,5% en septembre, en supposant qu'il n'y ait pas de révision des résultats précédents», estime Karen Cordes Woods, économiste chez Scotia Capitaux.

On sait déjà qu'il y avait 61 000 détenteurs d'un emploi de plus en septembre qu'en août, mais que le nombre d'heures travaillées a reculé. On sait aussi que les ventes de voitures ont augmenté tout comme les mises en chantier. «Une faible augmentation de 0,1% pousserait le PIB trimestriel à 3% en rythme annuel», note Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux.

Si le rebond du troisième trimestre s'explique avant tout par la normalisation de deux industries touchées durement au printemps, les perspectives du quatrième trimestre restent mitigées en raison surtout des risques extérieurs. «Le portrait global de l'économie canadienne n'est pas aussi positif qu'on pourrait le croire, prévient Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Elle n'est pas insensible aux perturbations financières internationales.»

À cette remarque, le Fonds monétaire international a ajouté hier cette mise en garde. L'endettement des ménages et le prix des logements augmentent plus vite que le revenu disponible. Un choc extérieur pourrait entraîner des pertes d'emplois et une chute de la valeur des actifs, mettant en péril le bilan financier de bien des ménages.