Maxime Rémillard est catégorique: il n'a pas eu de discussions pour vendre V et n'a pas l'intention de se départir de son réseau de télé, malgré des rumeurs impliquant notamment Bell. «Nous voulons continuer de faire croître notre entreprise», dit le chef de la direction de V.

À court terme, sa patience pourrait être récompensée financièrement. En mars 2010, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a instauré un régime de négociation de redevances sur les revenus du câble pour les télés généralistes privées comme V. Les distributeurs contestent cette décision en Cour suprême du Canada, mais le litige tire à sa fin. «Avec des redevances, nous allons pouvoir investir davantage dans notre contenu, qui est le nerf de la guerre», dit Maxime Rémillard, dont l'entreprise détient deux licences de chaînes spécialisées (BELLA TV et Génération V) qu'elle ne lancera pas à court terme.

À l'exception du Fonds des médias du Canada, le grand patron de V a resté plutôt discret sur les grands enjeux touchant le monde des médias, préférant se concentrer sur ce qui se passe à son antenne. À 10h55 tous les jours de la semaine, il scrute les BBM de la veille autour d'un café à son bureau. «C'est fascinant d'analyser l'univers télévisuel», dit Maxime Rémillard.

Cet homme d'affaires de 36 ans, qui a fait ses classes au grand écran, ne cesse de s'étonner de la proximité et d'instantanéité de la télé. «On récolte ce qu'on a semé beaucoup plus rapidement à la télé, dit Maxime Rémillard. Un film peut prendre des années de développement et une fois qu'il est lancé, c'est difficile de corriger le tir.»

Depuis qu'il est diffuseur au petit écran, Maxime Rémillard a cessé de produire des films - il n'aurait pas eu accès aux fonds de la SODEC en faisant les deux. Ses deux dernières productions ont été Polytechnique, le film de Denis Villeneuve récipiendaire d'un Génie, et Mesrine, mettant en vedette Vincent Cassel. S'ennuie-t-il du cinéma? «Je suis tellement impliqué dans la programmation à V, ça revient plus ou moins à la même chose», dit Maxime Rémillard, dont l'entreprise Remstar Films continue de distribuer une dizaine de films par année.

De toute façon, son emploi du temps lui permet difficilement de concilier le petit et le grand écran. Chaque jour, il regarde au moins deux heures de télévision. Ses coups de coeur de l'automne? Eastbound & Down, Sons of Anarchy, Breaking Bad et bien sûr Panam, avec sa conjointe Karine Vanasse dans le rôle d'une hôtesse de l'air. «C'est une très bonne série et nous étudions la possibilité de l'acheter, comme tous les diffuseurs au Québec», dit-il.

La télé généraliste est là pour rester

Maxime Rémillard croit dur comme fer à la survie de la télé généraliste, même à l'ère des médias sociaux. «On prédit la mort de la télé généraliste depuis quelques années, mais elle est là pour rester, dit-il. Au cours des dernières années, les heures d'écoute sont stables ou en hausse dans certains pays. Ça reste le média de masse par excellence.» Lui-même actif sur Twitter, Maxime Rémillard estime que les réseaux sociaux ont permis à V de hausser ses cotes d'écoute. «Nous sommes très à l'affût des réseaux sociaux, qui ont aidé certaines de nos émissions grâce à leur effet «machine à café»», dit-il.