Le groupe informatique Hewlett-Packard (HPQ) a finalement décidé de garder les ordinateurs personnels qui fondent sa notoriété auprès du grand public, deux mois après avoir envisagé de s'en débarrasser pour se concentrer sur les services et équipements professionnels.

Cinq semaines après son arrivée à la tête du géant informatique, en plein tumulte depuis l'annonce d'un virage stratégique inattendu en août, la directrice générale Meg Whitman a annoncé que «HP et (la division des ordinateurs) sont mieux ensemble».

Les ordinateurs sont «au coeur du portefeuille de HP», et les ordinateurs «bénéficient de l'implantation mondiale, de la taille et de l'innovation de HP», a-t-elle précisé lors d'une téléconférence avec des analystes.

L'annonce en août par le précédent patron Léo Apotheker que HP envisageait de se séparer des ordinateurs, comme en 2005 IBM a cédé les siens au chinois Lenovo, avait pris clients et investisseurs de court, et précipité une crise de confiance envers le groupe, à la fois à la Bourse, où le titre avait dévissé, et auprès de la clientèle.

«Nous avons semé une confusion assez énorme sur le marché», a concédé Mme Whitman jeudi.

D'un certain point de vue, la scission pouvait être justifiée dans la mesure où le marché des ordinateurs est atone, alors que celui des serveurs et des services est en pleine expansion avec le développement de l'informatique dématérialisée.

D'ailleurs une autre décision de M. Apotheker, l'acquisition de l'éditeur britannique de logiciels Autonomy, a été menée à bien au début du mois.

Mais l'éventualité d'une scission semblait tout de même très étonnante dans la mesure où HP est numéro un mondial sur le marché des ordinateurs. L'activité des «systèmes personnels» a réalisé 40,7 milliards de dollars de chiffre d'affaires lors de son dernier exercice, soit près du tiers du total (126 milliards) du groupe, pour un bénéfice d'exploitation de 2 milliards de dollars.

Selon Mme Whitman, le service des ventes du groupe a dû déployer depuis deux mois des trésors de conviction pour éviter une hémorragie de la clientèle en persuadant ses interlocuteurs qu'ils pouvaient avoir confiance dans le suivi de la marque.

Le patron de cette activité Todd Bradley a promis de «faire les investissements nécessaires pour garder la position de numéro un» de HP. «Il est temps de se remettre au travail», a-t-il dit.

Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research, a jugé que HP avait pris une décision bonne, mais pas suffisante, en l'absence de vision pour le groupe.

«Oui, c'est une bonne idée» de garder les ordinateurs, a-t-il dit à l'AFP.

Mais «quelle innovation va apporter HP», s'est-il demandé. «Est-ce que le groupe va devenir un simple revendeur de microprocesseurs Intel et de programmes Windows de Microsoft, ou va-t-il faire quelque chose de différent?»

Mme Whitman, de son côté, s'est abstenue de saisir l'occasion pour développer sa vision stratégique à long terme, jugeant que c'était «un peu prématuré».

Tout juste a-t-elle indiqué qu'on l'entendrait «parler de l'informatique dématérialisée (NDLR le 'nuage') dans l'avenir de HP».

Pour l'heure, HP travaille toujours à des tablettes sous Windows, et notamment avec le nouveau système Windows 8, pas encore rendu public par Microsoft.

M. Bradley a assuré que les tablettes marquaient «le début d'un nouvel âge de l'ordinateur personnel», et que donc HP n'avait pas de retard irrattrapable sur ce segment, en dépit de ses échecs commerciaux jusqu'à présent. HP a ainsi annoncé en août l'arrêt de sa tablette sous le système d'exploitation webOS.

En revanche la direction a précisé jeudi qu'aucune décision définitive n'avait été prise sur l'utilisation plus générale du système webOS, développé par le groupe Palm acquis en 2010. «C'est le prochain travail» à accomplir, a dit M. Bradley, tandis que Mme Whitman évoquait une décision dans les deux mois.

L'action prenait 0,33% à 27,08$ dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.