La société du magnat des métaux montréalais Herbert Black et un homme d'affaires de la région de Berthierville se crêpent le chignon en cour au sujet des profits réalisés lors du démantèlement de la mine Troilus, située au nord de Chibougamau, notamment avec la vente de poussière d'or.

American Iron&Metal (AIM) - l'entreprise de M. Black -, une firme associée dans le projet Troilus, Robert Fer et Métaux (RFM), et Alain Dupont s'affrontent en Cour supérieure de Montréal depuis plusieurs mois.

Les deux premières ont obtenu au début octobre une saisie avant jugement contre M. Dupont au motif que ce dernier a empoché sans droit 1,6 million provenant de la vente de résidus d'or récupérés sur le site de la mine aurifère autrefois exploitée par Inmet.

Selon une déclaration d'une avocate liée à AIM, Kamila Wirpszo, déposée en cour par AIM et RFM, les deux entreprises ont acheté pour 2,8 millions les métaux et les équipements de la mine désaffectée en septembre 2010. Elles ont ensuite revendu une partie des équipements à la firme mexicaine Condumex.

L'entente avec Inmet prévoyait entre autres que le fruit de la vente des résidus d'or récupérés sur le site serait partagé à parts égales entre le consortium et la minière.

D'après AIM et RFM, Alain Dupont n'a été associé au projet qu'à titre de sous-traitant pour le transport des matériaux, essentiellement afin de faciliter la transaction avec Inmet, et il ne détient pas de participation dans la coentreprise.

La déclaration de Me Wirpszo indique que les représentants de RFM ont eu plusieurs échanges équivoques avec des employés d'Inmet concernant la récupération des résidus d'or et qu'ils ont finalement appris que la moitié des profits de leur vente, plus de 1,6 million, a été remise à l'entreprise de M. Dupont, 9108-7189 Québec inc.

AIM et RFM soutiennent que l'argent leur revient et que M. Dupont refuse de leur remettre. C'est pour récupérer cette somme, ainsi qu'un montant supplémentaire de 1,3 million qu'ils leur estiment dû, que les partenaires ont demandé la saisie.

Contestation et contre-poursuite

L'avocat de M. Dupont, Yves Boulanger a indiqué que son client conteste la validité de la démarche.

Me Boulanger soutient que M. Dupont et sa société sont des partenaires en bonne et due forme d'AIM et RFM et que la moitié des profits réalisés avec le démantèlement de la mine Troilus et de la vente des équipements, entre autres à la mexicaine Condumex, leur revient.

D'après l'avocat, AIM et RFM ont tiré des revenus de 24 millions et un profit de 14 millions avec le contrat Troilus.

M. Dupont a d'ailleurs déposé une poursuite de 6 millions en avril dernier contre AIM et RFM - qui sera amendée sous peu, a indiqué Me Boulanger - pour non-respect de leur entente de partenariat.

Joint au téléphone, l'avocat d'AIM et de RFM, Éric Vallières, a indiqué qu'il ne pouvait pas faire de commentaires.

Selon la déclaration de Me Wirpszo, American Iron&Metal emploie 1800 personnes et a un chiffre d'affaires annuel dépassant 1 milliard.

Son président, Herbert Black, a défrayé la manchette à quelques reprises au cours des dernières années. Il aurait financé, du moins en partie, la bagarre de Lola contre Éric, ces ex-conjoints que les médias ne peuvent identifier et qui s'opposent au sujet du partage du patrimoine du richissime homme d'affaires québécois.

Le nom de M. Black a aussi été évoqué à de nombreuses reprises lors du procès pénal de l'homme d'affaires Benoît Laliberté pour l'affaire Jitec, en 2007-2008. Poursuivi par l'Autorité des marchés financiers, ce dernier a soutenu que la descente aux enfers de Jitec et de ses actionnaires avait été causée par les transactions à découvert sur l'action faite par le président d'AIM. Aucune accusation n'a été déposée contre M. Black dans cette affaire.