La formation d'un consortium entre Bell, Rogers, Telus et Vidéotron pour fournir le sans-fil dans le métro fait suite à l'échec d'une entente conclue avec un fournisseur américain.

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En octobre 2010, la Société de transport de Montréal (STM) avait signé une lettre d'intention avec la firme ExteNet Systems pour l'installation de 50 millions de dollars d'équipements sans fil dans le réseau souterrain. Le groupe de l'Illinois devait aussi gérer les infrastructures pendant 20 ans et permettre aux fournisseurs de téléphonie de les utiliser en échange de redevances.

Or, les nombreuses discussions avec ExteNet «n'ont pas abouti», a confirmé Isabelle Tremblay, directrice principale des affaires publiques de la STM. Elle a refusé de donner les raisons de l'échec des pourparlers, tout comme la porte-parole de l'entreprise, Laura Altschul.

Quoi qu'il en soit, la mise au rancart de cette entente explique les négociations entamées récemment entre la STM et le consortium Bell-Rogers-Telus-Vidéotron, révélées par La Presse Affaires la semaine dernière.

Selon une source bien au fait des pourparlers, ces discussions avec un groupe d'entreprises - plutôt qu'avec une seule - dénotent un certain souci d'équité et d'efficacité de la part de la Société de transport. «Ça aurait été mal vu que la STM privilégie un seul fournisseur et que les autres doivent faire du roaming (itinérance) sur son réseau.»

Erreurs du passé

À Washington, les autorités ont eu recours à un tel consortium en 2009 pour l'implantation du sans-fil dans le métro. Un choix qui visait à corriger les erreurs du passé, en quelque sorte.

En 1993, le Washington Metropolitan Area Transit Authority (WMATA) avait permis à Bell Atlantic (devenue Verizon Wireless) d'installer son propre réseau sans fil dans le métro. Ce système supportait seulement les appels faits par des abonnés de Verizon. Les clients de Sprint pouvaient faire de «l'itinérance» sur le réseau, tandis que les autres fournisseurs n'avaient aucune réception sur leur cellulaire.

Pour régler cette situation problématique, le WMATA a mandaté en 2009 un consortium formé des géants Verizon, AT&T, Sprint et T-Mobile pour construire un tout nouveau réseau high-tech. Une fois les travaux complétés l'an prochain, tous les utilisateurs d'un téléphone cellulaire auront accès à un service dans les stations et tunnels du métro.

Le WMATA - qui n'a pas déboursé un sou pour l'installation du réseau - percevra en outre des redevances de 25 millions au minimum pendant les 15 ans du contrat initial, assorti d'options de renouvellement.

Pas de date précise

À Montréal, la STM refuse de divulguer les détails financiers et techniques des négociations en cours avec le consortium Bell-Rogers-Telus-Vidéotron. La Société espère signer un contrat «dans les meilleurs délais, mais il n'y a pas de date précise», a dit la porte-parole Isabelle Tremblay.

Iain Grant, président de la firme d'analyse en télécoms SeaBoard Group, croit que la STM réaliserait des économies de temps et d'argent en faisant appel à un consortium. «Quels sont les choix? Que chaque fournisseur ait ses propres installations, ce qui serait incroyablement cher, ou que tout le monde partage les mêmes installations. Puisqu'ils vont coopérer, ce sera plus rapide.»

La STM vise le lancement du service de téléphonie cellulaire en 2013 dans les 68 stations et les 71 km de tunnels du métro. Un réseau wi-fi pourrait aussi être implanté, mais vraisemblablement pas dans la première phase.

C'est Transgesco, le bras commercial de la STM, qui négocie avec le consortium. Le directeur général de cette division, Michel Lafrance, n'a pas voulu s'entretenir de son projet sans fil avec La Presse Affaires avant qu'une entente formelle soit signée.

La STM souhaite augmenter de 40% la fréquentation des transports en commun d'ici 2020 à Montréal grâce à une série d'améliorations à son service, incluant la mise en place d'un réseau sans fil.