Nouvelle décote de sa dette, charge de 3 milliards de dollars, diminution de sa marge de crédit, suppression de son dividende, le ciel est en quelque sorte tombé sur la tête de l'entreprise Yellow Media (T.YLO), hier, tandis que la valeur de l'action s'écrasait en Bourse.

> Sur le Blogue de la Bourse: Oui, Yellow Média l'a fait!

La société vaut maintenant moins de 150 millions, comparativement à plus de 8 milliards il y a deux ans à peine. Le titre, qui a perdu 95% de sa valeur depuis le début de l'année, a fini la journée à 28 cents, en baisse de 31 cents, ou 52,5%. Vingt-huit millions d'actions ont changé de mains.

L'éditeur des annuaires téléphoniques Pages Jaunes a annoncé hier matin une charge de 2,9 milliards de dollars pour perte de valeur de l'écart d'acquisition, laquelle plombera les résultats du trimestre qui se terminera le 30 septembre. Cette charge permet de rétablir l'équilibre entre la valeur comptable de l'actif et sa juste valeur.

«Yellow Media a toujours eu de l'attention parce qu'elle payait un gros dividende, mais au chapitre de la création de richesse, elle a toujours eu de mauvais scores», dit Stephen Gauthier, gestionnaire principal et stratège de la firme Valeurs mobilières Fin-Xo, adepte du principe de la valeur économique ajoutée. Selon cette approche, une entreprise crée de la richesse quand le rendement sur son capital excède son coût en capital.

Marc Tellier, PDG de Yellow Media, a par ailleurs reçu un appel de ses banquiers. Ceux-ci réduisent de moitié un prêt non garanti de 1 milliard de dollars à la suite de la décote de ses titres de créance le 4 août dernier. À la place, Yellow Media a une marge de crédit de premier rang non garantie composée d'une tranche renouvelable de 250 millions et non renouvelable de 250 millions, venant toutes deux à échéance le 18 février 2013.

Yellow Media s'est engagée à rembourser 25 millions par trimestre à partir de janvier prochain et elle suspend le versement de dividende sur ses actions ordinaires. Le dividende de 2,5 cents l'action déclaré le 4 août et payable le 17 octobre sera le dernier. Cette suspension permettra de consacrer 75 millions par année à la réduction de sa dette.

Un malheur ne venant jamais seul, la firme de notation DBRS a décoté en début d'après-midi Yellow Media avec tendance négative. L'agence avait déjà décoté la société de L'Île-des-Soeurs le 4 août dernier. Sa cote passe de BBB à BB.

«Le profil de risque de la société n'est plus compatible avec une cote «investissement»», écrit DBRS dans un communiqué. L'agence justifie sa décision par l'incertitude entourant la transformation de Yellow Media, un média papier, en une entreprise résolument numérique. De plus, DBRS croit que le resserrement de ses conditions de crédit compliquera la mise en oeuvre de sa transformation, dont le succès est loin d'être garanti.

En téléconférence avec les analystes financiers, M. Tellier parlait de conviction. «Conviction que nous avons la bonne stratégie et que nous nous concentrons sur les bons éléments pour réussir notre transformation.»

Maher Yaghi, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, ne demande pas mieux d'être convaincu. «La pression découlant sur le déclin des publications imprimées et la diminution des facilités bancaires continuent de déséquilibrer la situation financière de l'entreprise», écrit-il dans une note publiée avant la téléconférence de M. Tellier. Le titre reste dans la catégorie spéculative, mais M. Yaghi attend d'y voir plus clair avant de fixer un nouveau prix cible et une nouvelle recommandation.