Les ventes des fabricants ont bondi en valeur et en volume en juillet, après trois mois de recul d'affilée qui avaient gonflé leurs stocks à des niveaux inquiétants et entraîné une contraction légère mais étonnante de l'économie au printemps.

Elles ont augmenté de 2,7% en valeur et de 2,8% en volume, selon Statistique Canada. Il s'agit de la hausse la plus forte depuis janvier. L'agence fédérale a aussi réduit quelque peu le recul de la valeur des ventes en juin qui passe de 1,5% à 1,3%.

Mieux, les nouvelles commandes ont augmenté de 1,3%. Ce deuxième gain mensuel d'affilée est de bon augure pour les ventes réalisées en août. Le gain aurait été plus élevé, n'eût été la faiblesse de l'industrie aéronautique.

Les gains de juillet étaient généralisés, puisque 15 industries sur 21 en ont enregistré. Les poussées les plus fortes ont été dans la production de produits du pétrole et du charbon ainsi que dans l'industrie automobile. Si on exclut cette dernière, la valeur des ventes a quand même progressé de 2,3%.

«La fabrication avait été fortement affectée au printemps par des difficultés temporaires au sein de l'industrie automobile (problème d'approvisionnement) et de l'énergie (travaux d'entretien dans certaines raffineries)», rappelle Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Ces rattrapages se reflètent aussi dans les chiffres au niveau des provinces, l'Ontario et l'Alberta ayant connu les hausses les plus fortes.

Celle du Québec a été contenue à 0,5%, en dépit de la bonne performance des industries de métaux de première transformation des produits métalliques ouvrés, des produits du pétrole et du bois. Leurs gains ont été en grande partie annulés par la plongée de 17,5% du secteur aéronautique, très présent dans le tissu manufacturier du Québec.

La valeur des stocks a diminué de 73 millions de dollars. À hauteur de 63,16 milliards, ils restent néanmoins gonflés de 4,62 milliards par rapport à juillet 2010, ce qui est inquiétant. Mince consolation, le ratio des stocks aux ventes est passé de 1,39 à 1,35. Il s'agit du premier recul depuis janvier. «Les entreprises réalisent leurs ventes en maintenant le niveau de leurs stocks, voire en le diminuant quelque peu, note Derek Holt, économiste principal chez Scotia Capitaux. Le déstockage est susceptible d'entraver la croissance trimestrielle après que l'accumulation ait été un facteur positif aux premier et deuxième trimestres.»

Cela dit, pour le seul mois de juillet, le secteur de la fabrication apportera une contribution positive à la croissance pour la première fois en trois mois.

«Le volume des ventes est le plus élevé en six mois, note Benjamin Reitzes, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux. Cela suggère que le PIB (produit intérieur brut) de juillet paraît avoir augmenté de 0,2%, en dépit d'un repli probable des ventes des détaillants.»

Les ventes des concessionnaires automobiles ont baissé de 6,2% de juin à juillet, a aussi indiqué hier l'agence fédérale. Ce segment correspond grosso modo au quart des ventes au détail.

Cela dit, les bons chiffres de juillet doivent être mis en perspective. «En dépit de cette augmentation, les volumes restent inférieurs à leur sommet du présent cycle atteint en janvier et à forte distance du sommet d'avant récession, fait remarquer Krishen Rangasamy, économiste principal à la Banque Nationale. Cela illustre à quel point la reprise est molle dans le secteur manufacturier.»

Elle continuera sans doute de l'être, étant donné la force relative de notre monnaie et de la faiblesse de la reprise américaine.