Des embauches. De l'argent. Les contacts d'investisseurs célèbres dans le milieu du jeu vidéo. La jeune PME montréalaise Gamerizon, connue pour le succès de ses jeux Chop Chop sur les plateformes d'Apple, ne manquera de rien pour continuer son ascension fulgurante.

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Forte d'un investissement de 5 millions de dollars de deux firmes canadiennes, la PME de 12 employés du Plateau Mont-Royal fera 100 embauches d'ici deux ans, dont une trentaine au cours des prochaines semaines. Fondée en 2008, Gamerizon a lancé neuf jeux de la série Chop Chop, téléchargés à 14 millions de reprises depuis 15 mois. Les jeux Chop Chop sont tantôt gratuits, tantôt disponibles à 99 cents sur l'Apple Store. « Nous avons prouvé que nous pouvions faire plusieurs jeux à succès, dit Alex Sakiz, chef de la direction de Gamerizon depuis mai 2010. Tout le monde peut avoir son heure de gloire avec un jeu, mais c'est comme avoir un seul succès en carrière dans le top 10 du Billboard. »

En plus d'ajouter Android (Google) et Facebook à sa plateforme Apple, Gamerizon augmentera bientôt la cadence à une dizaine de nouveaux jeux Chop Chop par année. Une croissance fulgurante pour le studio fondé dans l'anonymat le plus complet en avril 2008 par Martin et Robert Lizée, deux frères qui ont créé le logiciel de jurisprudence JURIDIX dans les années 90 avant de se passionner pour les jeux vidéo. Durant la dernière décennie, ils ont été consultants au sein de plusieurs studios montréalais, dont Ubisoft. « Nous avons toujours été des entrepreneurs dans l'âme et nous avons trouvé un marché intéressant avec les jeux mobiles en 2008. Dans les jeux sur consoles, c'est difficile pour les indépendants de faire leur place », dit Martin Lizée, cofondateur et chef des services artistiques de Gamerizon

Les frères Lizée accueillaient hier deux recrues de marque dans leur petit groupe d'investisseurs : iNovia Capital, firme de Montréal, et Vanedge Capital, firme de Vancouver créée par Paul Lee. L'ancien président des studios mondiaux d'Electronic Arts dirige un fonds de plus de 100 millions de dollars spécialisé dans l'industrie du divertissement numérique. Au nombre de ses bailleurs de fonds : la firme Teralys, fonds financé par la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ et Investissement Québec dont la mission est de renflouer les fonds de capital-risque qui, eux, investissent dans les jeunes entreprises.

Deux des quatre studios de jeu vidéo financés par Vanedge sont établis à Montréal : Gamerizon et SAVA Transmédia, fondé plus tôt cet été par l'ex-PDG d'EA Montréal Alain Tascan. « Nous voulons faire davantage d'investissements à Montréal, dit Paul Lee, associé directeur de Vanedge. Avec Vancouver et San Francisco, Montréal est vraiment parmi les meilleures villes de jeu vidéo au monde. » Une telle marque de confiance réjouit le président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. « L'investissement (d'hier) lance un signal aux entrepreneurs : si votre produit marche, l'argent va être au rendez-vous », dit Michel Leblanc.

Vanedge et iNovia ont de grandes ambitions pour Gamerizon, une entreprise dans laquelle elles détiennent une participation minoritaire grâce à leur investissement de 5 millions de dollars. « Au Canada, nous ne créons pas assez d'entreprises qui ont des revenus de centaines de millions de dollars », dit Chris Arsenault, associé directeur d'iNovia.

Les frères Lizée et le reste du petit groupe d'actionnaires de Gamerizon n'ont pas seulement accepté l'offre de Vanedge et iNovia pour une question d'argent. « Nous avons eu beaucoup d'offres, mais Vanedge et iNovia ne font pas qu'amener de l'argent, ils amènent de l'expertise et des contacts », dit Alex Sakiz. En plus de Paul Lee, Vanedge peut compter sur les services de Glenn Entis, ancien grand patron de DreamWorks Interactive (l'ancien studio de jeu vidéo de Steven Spielberg) et lauréat d'un Academy Award pour l'ensemble de son oeuvre sur le plan technologique.

Le nouveau conseil d'administration de Gamerizon, qui comprend dorénavant des représentants d'iNovia et Vanedge, se réunira ce matin avec un ordre du jour chargé. Première considération d'ordre pratico-pratique : l'entreprise doit tripler la superficie de ses bureaux. « On doit regarder si on peut rester dans le même édifice ou si on déménagera », dit Alex Sakiz.

Gamerizon gardera peut-être ses bureaux dans les anciennes usines de textile du Cooper Building du Plateau Mont-Royal. Mais, avec l'annonce hier, l'entreprise a désormais les moyens de ses ambitions mondiales. « Nous espérons toujours que ce sera un très gros succès, dit l'investisseur Paul Lee. Nous aimons beaucoup la direction de l'entreprise. Mais le succès est toujours difficile à prévoir dans cette industrie. »

- Avec la collaboration de Philippe Mercure