La masse d'indicateurs publiés jeudi aux États-Unis semble exclure un retour de l'économie américaine à la récession mais alimente de nouveaux doutes sur sa capacité à atteindre les objectifs du gouvernement.

Selon le département du Travail, l'inflation a continué de progresser en août pour atteindre 3,8% sur un an, son niveau le plus élevé depuis septembre 2008.

Les chiffres du ministère montrent que les pressions inflationnistes s'accumulent et que les hausses de prix touchent un grand nombre de biens et de services.

Conséquence: la baisse du pouvoir d'achat observée depuis octobre 2010 s'accélère. Alors que la reprise économique apparaît enlisée, c'est un mauvais présage pour la consommation des ménages, qui assure environ 70% du produit intérieur brut.

D'autant plus que le front de l'emploi ne donne aucun signe d'amélioration. Selon le ministère, les nouvelles inscriptions au chômage ont progressé de 3% pendant la première semaine complète de septembre, alors que les embauches sont apparues au point mort en août.

Il est encore trop tôt pour conclure que la tendance des inscriptions au chômage est résolument à la hausse, estiment plusieurs économistes.

Néanmoins, si cette pente devait se confirmer, «cela imposerait de tirer le signal d'alarme sur l'état de l'économie» du pays, écrivent les analystes du cabinet RDQ Economics.

La croissance économique des États-Unis est tombée à 0,4% en rythme annualisé au premier trimestre, pour ne s'améliorer que très relativement, à 1,0% au deuxième.

Le département du Commerce a annoncé jeudi que le déficit des comptes courants avait diminué au printemps pour s'établir à 3,1% du PIB.

Cela laisse espérer une révision en légère hausse de la croissance du deuxième trimestre, mais on est encore loin des 2,5% minimum nécessaires pour permettre une baisse du taux de chômage, qui reste extrêmement élevé (à 9,1% fin août).

Le gouvernement américain a annoncé le 1er septembre avoir revu en nette baisse sa prévision de croissance économique pour 2011, à 2,1%, et pour 2012, à 3,3%.

Ces objectifs sont tout sauf acquis. Macroeconomics Advisors a indiqué jeudi avoir revu en baisse de 0,3 point sa prévision de croissance pour le troisième trimestre, à 1,6%.

Cela correspondrait au taux que le Fonds monétaire international prévoit désormais pour les États-Unis cette année, selon l'agence italienne Ansa, qui s'est procuré une copie des ses dernières prévisions économiques mondiales d'automne devant être publiées la semaine prochaine.

Tout n'est pas noir dans les données publiées jeudi. Selon la banque centrale (Fed), la production industrielle a nettement ralenti en août, mais a continué de progresser, alors que ce mois a été très difficile pour l'économie américaine.

Les chiffres de la Fed indiquent de plus que la production manufacturière, moteur de la reprise, a maintenu un rythme de hausse solide.

Cela relativise la portée des indicateurs avancés de la Fed pour septembre qui ont montré une nouvelle baisse de l'activité manufacturière dans les régions de New York et Philadelphie.

Aussi mauvais que soient les résultats de ces deux enquêtes locales, les analystes relèvent qu'elles témoignent toutes deux d'une amélioration des perspectives des industriels pour les six mois à venir.

«Vu que la production manufacturière continue sa poussée, il est difficile de penser que nous nous dirigeons vers une récession», estime Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, pour qui on ne peut guère espérer mieux, pour l'instant, qu'une reprise poussive.