Les consommateurs américains restreignent leurs achats, faute d'amélioration du marché du travail et devant les risques grandissants d'une rechute de l'économie en récession.

En août, la valeur des ventes au détail a stagné, selon les données du Census Bureau. L'organisme a aussi ramené de 0,5% à 0,3% la progression de juillet, ce qui a ajouté de l'eau au moulin des pessimistes.

Si on exclut les ventes de voitures, le chiffre d'affaires des détaillants a progressé d'à peine 0,1%. Les hausses enregistrées par les vendeurs en ligne, les marchands de produits électroniques ou les épiceries ont été annulées par la baisse des ventes des grands magasins, des concessionnaires d'autos et des magasins de vêtements.

Les chiffres publiés hier ne permettent pas de mesurer la variation des volumes des ventes car les données sur l'inflation en août ne seront connues que ce matin.

L'autre inconnue, ce sont les effets de l'ouragan Irene qui a balayé la côte atlantique et perturbé bien des commerces. On pense d'emblée aux restaurants, mais il y a plus. «Si les répondants à l'enquête ont préféré écoper leur commerce inondé avant de remplir le questionnaire, alors on pourra avoir des révisions importantes le mois prochain», suggère Derek Holt, économiste principal chez Scotia Capitaux.

Autre élément à considérer: la confiance des consommateurs était à un creux historique le mois dernier. Cela faisait suite au psychodrame du Congrès autour du relèvement de la dette et à la révision importante des données économiques qui montraient que l'économie américaine n'avait pas encore atteint sa taille d'avant la récession.

Reste que les données publiées hier ne sont pas vraiment une surprise, si on considère que la création d'emplois a été nulle au cours du mois.

«Si l'ouragan Irene a pu contribuer à la faiblesse d'août, la révision à la baisse des ventes en juillet suggère que les dépenses de consommation n'étaient pas aussi résilientes que ce qu'on avait cru», nuance Peter Buchanan, économiste principal chez CIBC.

Si on veut absolument se montrer optimiste, on peut considérer que la valeur des ventes au détail a effectivement augmenté de 0,04%, chiffre ramené à zéro quand on arrondit à une décimale comme les organismes statistiques le font en général. Sans l'arrondissement, il s'agit alors de la neuvième hausse d'affilée.

Quoi qu'il en soit, «la faiblesse des ventes au détail en août suggère que la croissance de la consommation réelle demeurera modeste au troisième trimestre, note Francis Généreux du Mouvement Desjardins. Si les indices de confiance n'amorcent pas une remontée bientôt, les risques de recul sévère des dépenses de ménages prendront davantage d'importance.»

La consommation représente 70% de la taille de l'économie américaine. Il s'agit de la proportion la plus élevée au monde.

Or l'optimisme ne semble pas revenu, si on en juge par un sondage de l'agence Bloomberg, mené au début du mois. Seulement 9% des quelque 997 répondants sont confiants que l'économie échappera à une nouvelle récession.