Le Canada pourrait être le premier pays développé à retomber en récession, affirme la Banque Scotia, qui lance du même coup l'un des avertissements les plus sérieux quant à la possibilité d'une nouvelle crise économique au pays.

D'après les économistes de l'institution, le Canada pourrait être en train de traverser une période de léger ralentissement, compte tenu du fait que l'économie s'est contractée de 0,4 pour cent au deuxième trimestre et qu'elle pourrait avoir décliné de nouveau au troisième trimestre, qui prend fin au terme de ce mois-ci.

Bien qu'aucune autre institution financière canadienne n'ait été jusqu'à prédire une nouvelle récession, l'économiste en chef de la Banque TD (TSX:TD), Craig Alexander, a reconnu que des nuages noirs s'accumulaient et assombrissaient le climat économique depuis quelque temps.

Une récession est définie comme deux trimestres consécutifs de recul du produit intérieur brut (PIB). Cela mène habituellement à une augmentation du chômage, une stagnation ou une diminution du revenu des ménages et un resserrement du crédit.

La récession de 2008-2009 a duré pendant trois trimestres et s'est traduite par la perte de 400 000 emplois, parmi lesquels un grand nombre au sein du secteur manufacturier.

Néanmoins, peu d'analystes font la prédiction d'une deuxième récession aussi prononcée.

Statistique Canada a dévoilé mardi des chiffres sur la valeur nationale nette et l'endettement des ménages qui démontrent à quel point le deuxième trimestre a été difficile.

Cette période a notamment été le théâtre d'importantes fluctuations boursières qui ont provoqué une érosion de la valeur des placements et caisses de retraite des Canadiens.

La valeur nette des ménages a chuté de 0,3 pour cent pour s'établir à 184 300 $ tandis que leur dette moyenne a grimpé. Elle équivaut désormais à 151 pour cent de leur revenu.

Il semble que la situation se soit empirée durant le mois d'août, alors que les marchés financiers ont encaissé un nouveau choc en raison du malaise croissant découlant de la dette et du déficit de pays européens et des États-Unis.

L'économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, a indiqué qu'il ne prédisait pas encore de nouvelle récession, mais il a précisé qu'il faudrait peu de chose pour que le Canada se retrouve en terrain négatif.

Bien qu'il soit vrai qu'une grande partie des difficultés actuelles provienne de l'extérieur des frontières canadiennes, peu des piliers de la vigueur de l'économie du pays demeurent en place, a observé M. Holt.

Deux sources habituelles de vigueur économique - les investissements des entreprises et les exportations - montrent des signes de faiblesse, a-t-il dit.

En outre, le secteur du logement ne connaît aucune progression, la croissance de l'emploi stagne, tout comme d'ailleurs les salaires, et il est peu probable que les consommateurs, aux prises avec un endettement croissant et une confiance en baisse, aient envie de se porter au secours de l'économie en multipliant leurs achats.

M. Alexander a dit croire que les États-Unis aient 40 pour cent de chances de retomber en récession l'an prochain, ce qui pourrait amener le Canada au bord du gouffre, voire le précipiter dans le vide.