Année 1999. Trois jeunes ingénieurs du Groupe Informission, à Québec, claquent la porte de leur entreprise pour lancer leur propre boîte. L'objectif est aussi insolent qu'ambitieux: concurrencer la société qu'ils viennent de quitter.

Douze ans plus tard, les trois acolytes sont toujours de mèche. Et leur bébé, Averna, affiche l'une des croissances les plus rapides au pays (le chiffre d'affaires a bondi de 648% entre 2005 et 2010, pour être précis).

Aujourd'hui, la liste de clients d'Averna compte des noms comme Apple, Sony, Alcatel et Lockheed Martin. Son chiffre d'affaires atteint 40 millions, et l'entreprise possède des bureaux autant dans la Silicon Valley et à Budapest qu'au Mexique et à Tokyo.

Ah oui: en cours de route, les trois gars d'Averna ont aussi fini par acheter une certaine Mindready... une entreprise issue de la division d'Informission qu'ils avaient quittée une dizaine d'années plus tôt.

«Averna n'a pas été fondée par une gang d'inventeurs, précise son président, Pascal Pilon. On se considère comme des hommes d'affaires issus de la technologie. On est des stratèges et des gars pragmatiques. Et on s'allie avec des gars imaginatifs et intelligents.»

Dans le monde de l'innovation québécois, Averna a dépassé le stade de développer des technologies dans un garage. Aujourd'hui, l'entreprise représente un peu un modèle pour les boîtes en démarrage qui rêvent de percer les marchés mondiaux.

Ce qui l'a mis sur la carte, ce sont des systèmes de tests destinés à l'électronique.

Pas facile de comprendre ce sur quoi planchent les quelque 320 employés d'Averna. Pour simplifier, on pourrait dire que l'entreprise est un peu le médecin des grandes multinationales de l'électronique.

Averna conçoit des systèmes qui testent sous toutes leurs coutures les appareils électroniques qui sortent des chaînes de montage de partout sur la planète. But de la chose: s'assurer qu'ils sont en bonne santé avant d'être livrés aux consommateurs.

Pour Pascal Pilon, par exemple, un téléphone portable n'est rien de plus qu'une pile, une antenne, un émetteur radio et un écran.

Il pointe une boîte conçue par Averna et sur laquelle peut se brancher le téléphone en question. Comme un médecin qui frappe votre genou de son marteau pour vérifier vos réflexes, le système viendra tester l'appareil en le stimulant, puis en mesurant ses réactions.

«On va mesurer les propriétés physiques de la pile, la force du signal transmis, la qualité de réception du signal reçu. Sur une chaîne de montage, des milliers de tests vont être faits en une quinzaine de secondes», explique M. Pilon.

Sous le capot des systèmes d'Averna se trouve un arsenal de capteurs et de bidules électroniques. Si certains sont fabriqués maison, la plupart sont achetés chez des fournisseurs.

Mais la plus grande force d'Averna, c'est le logiciel qu'elle a conçu et qui contrôle le tout.

«C'est lui qui nous permet de nous distinguer et d'aller chercher des clients», dit M. Pilon, qui se bat surtout contre des géants allemands dans l'industrie des tests électroniques, un marché de 12 milliards.

Les systèmes d'Averna sont utilisés autant par des entreprises d'équipement de télécommunication que celles qui fabriquent des automobiles, du matériel militaire ou médical.

«Des clients, on en a des centaines. C'est la beauté de la chose: de l'électronique, il y en a partout», dit Pascal Pilon.

La plupart des clients d'Averna achètent les systèmes de tests, puis les envoient dans les usines de leurs sous-traitants pour s'assurer de la qualité des produits qui en sortent.

«Nos systèmes sont des polices d'assurance. Ils permettent aux entreprises qui utilisent des sous-traitants dans les pays à bas coût de protéger leur marque», explique Pascal Pilon.

Mais en plus de vérifier la qualité des produits finis, les systèmes d'Averna peuvent aussi aider les entreprises à en concevoir de nouveaux.

Faire parler les chiffres

Avant de sortir un appareil comme l'iPhone 5, par exemple, une entreprise comme Apple doit faire une batterie de tests pour identifier les meilleures composantes et la façon optimale de les intégrer. Les systèmes d'Averna permettent d'effectuer ces tests, mais surtout d'utiliser les données qui en découlent pour accélérer le développement de produits.

Averna, explique M. Pilon, pourra par exemple dire à Apple que les piles provenant de tel fournisseur connaissent statistiquement plus de ratés que celles provenant de tel autre.

«On fait parler les chiffres. On a bâti la société pour être un peu l'IBM du lancement de produits électroniques», dit M. Pilon.

Après l'ouverture prochaine d'un bureau en Chine, Averna compte poursuivre sa croissance. Le nombre d'employés devrait grimper de 30% par année, dit Pascal Pilon.

Des clients en particulier à conquérir?

«Le seul qu'on n'a pas et qu'on veut actuellement, c'est Microsoft, répond M. Pilon. Et peut-être Nokia.»

Quant aux acquisitions, il ne faut pas les attendre à court terme.

«Pour les prochaines années, ça va être de la croissance organique, répond Pascal Pilon. Peut-être que dans trois ans, on va recommencer les acquisitions au niveau logiciel. Mais pour l'instant, on en a plein les bras à commercialiser tout ce qu'on fabrique.»

----------------

AVERNA

Fondateurs

Pascal Pilon, Adil Lahlou et Richard Maltais

Président

Pascal Pilon

Investisseurs

Caisse de dépôt et placement du Québec, Fondaction CSN

Le concept en 140 caractères

« Des logiciels et des systèmes intelligents servant à accélérer la conception de produits électroniques, puis d'en contrôler la qualité au cours de leur fabrication. « Pascal Pilon

Objectif d'ici un an

« Établir notre logiciel Proligent comme standard chez 10 nouveaux clients internationaux du domaine de l'électronique. « Pascal Pilon