Rien ne va plus pour les joueurs canadiens de Full Tilt Poker, qui viennent d'intenter un recours collectif contre le site de poker en ligne accusé de fraude bancaire et de blanchiment d'argent aux États-Unis dans le cadre du célèbre «Black Friday» en avril dernier.

Les joueurs canadiens ne peuvent récupérer l'argent dans leur compte du site web Full Tilt Poker, fermé au Canada depuis le 29 juin. Ce jour-là, Full Tilt Poker a perdu sa licence de jeu auprès de la commission de jeu d'une île britannique. Pas de licence, pas de site - il était fermé aux États-Unis depuis le dépôt des accusations en avril. «C'est la même chose qu'un compte en banque. Full Tilt Poker ne vendait pas de service, elle ne faisait que garder l'argent de ses joueurs. Ces derniers doivent pouvoir récupérer leur argent», dit Me Jeff Orenstein, avocat du Consumer Law Group qui a intenté le recours collectif hier devant la Cour supérieure du Québec au nom du plaignant Mitchell Schurbach, résidant de 36 ans de Côte-Saint-Luc, dans l'ouest de l'île de Montréal.

Un recours collectif similaire a été intenté aux États-Unis, où Full Tilt Poker avait 150 millions de dollars dans les comptes de ses clients. Sur son site web, l'entreprise s'engage «pleinement à rembourser totalement ses clients». Selon les documents déposés hier devant la Cour supérieure, le procureur américain a conclu une entente avec Full Tilt Poker permettant à l'entreprise de rembourser ses clients, mais aucune somme n'aurait été transférée par Full Tilt Poker.

Impossible de savoir pour l'instant combien d'argent se trouve dans les comptes canadiens de Full Tilt Poker. «En comparant avec les États-Unis, on pourrait avancer la somme de 15 millions de dollars, dit Me Jeff Orenstein. Il est toutefois possible qu'il y en ait beaucoup moins, car certains joueurs ont peut-être retiré leur argent après les événements aux États-Unis.»

Même le plaignant du recours collectif, Mitchell Schurbach, ne se souvient pas exactement combien il lui reste dans son compte. Quelque chose entre 1$ et 5$. «Il a toutefois parlé avec d'autres joueurs de Full Tilt Poker qui ont plusieurs dizaines de milliers de dollars dans leur compte, dit son avocat Jeff Orenstein. On s'attend à ce que la majorité des gens touchés par le recours collectif n'aient que quelques dollars dans leur compte, mais c'est justement le but d'un recours collectif.»  

Le recours collectif, qui doit d'abord être autorisé par un juge de la Cour supérieure avant d'être entendu sur le fond, demande aussi des dommages punitifs pour les clients canadiens de Full Tilt Poker, dont le siège social est à Los Angeles. Sept autres entreprises et 12 personnes associées à Full Tilt Poker, toutes résidantes aux États unis, sont aussi visées par le recours collectif.