L'action du numéro deux américain de la téléphonie mobile AT&T (T) chutait mercredi de près de 5% à la Bourse de New York, après l'annonce par le département américain de la Justice qu'il s'opposait à son projet de rachat de son concurrent T-Mobile pour 39 milliards de dollars.

Vers 15h20, le titre perdait 4,81% à 28,19 $ sur le New York Stock Exchange.

Verizon contrôle actuellement 31% du marché du portable, suivi par AT&T avec 27% et Sprint Nextel. En acquérant les 37,3 millions de clients de T-Mobile USA, filiale de l'allemand Deutsche Telekom, AT&T verrait sa part passer à 39% du marché.

Selon le département de la Justice, cette transaction porterait atteinte à la concurrence.

Pour les analystes de Barclays Capital, la probabilité de voir l'opération aboutir sont passées de 75% à 35-40%.

«Nous pensons que l'accord n'est en aucune façon mort, comme le département de la Justice l'a indiqué, la 'porte est ouverte' pour que AT&T propose des ajustements», écrivent-ils dans une note.

«AT&T ne dispose pas vraiment de bonnes options» après cette décision, a estimé de son côté Harold Feld, responsable à Public Knowledge, un groupe de défense des droits liés au numérique à Washington.

L'opérateur «peut retarder l'inévitable» en s'opposant à la décision devant les tribunaux, ce qu'il a l'intention de faire. Mais si la victoire est «théoriquement possible», personne ne peut «sérieusement parier» sur cette issue, écrit-il dans un message sur le blog de l'organisme.

Les opposants à l'opération se sont félicités de cette décision, qui empêchent le marché d'être dominés par AT&T et Verizon, deux entreprises issues de la scission en 1984 de AT&T, qui exercait alors un monopole.

«Depuis le début, il était évident que cette fusion était anti-concurrentielle», a commenté Ed Black, directeur de l'Association des industries de l'informatique et des communications.

Le projet de fusion proposé par AT&T «menacerait la viabilité de Sprint», a estimé l'économiste Peter Morici. Si AT&T et Verizon se retrouvaient seuls sur le marché, cela apporte «la quasi-garantie que les tarifs ne baisseront pas et que les clients auraient trop peu de choix», a-t-il ajouté dans une note.

L'action Sprint Nextel bondissait ainsi de 5,92% à 3,76 $.

AT&T a pourtant procédé à un intense lobbying pour obtenir l'approbation des autorités américaines de la concurrence, promettant notamment jeudi matin de rapatrier aux États-Unis 5000 emplois actuellement pourvus dans ses centres d'appels à l'étranger, en cas de feu vert.