Un rebond de la consommation des ménages américains en juillet s'annonce encourageant pour la croissance économique des États-Unis, anémique depuis le début de l'année.

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Selon le département américain du Commerce, les dépenses des consommateurs ont progressé de 0,8% en juillet par rapport au mois de juin, alors qu'elles avaient reculé de 0,1% pour la première fois en 20 mois.

Par ailleurs, le revenu personnel des Américains a progressé de 0,3% en juillet. C'est légèrement supérieur à la croissance modeste de 0,2% qui avait été observée en juin, la plus faible depuis sept mois.

Cette situation - meilleure que prévu - de la consommation aux États-Unis a insufflé un regain d'optimiste en Bourse, hier. De même que le constat de dommages moindres qu'appréhendés après le passage de l'ouragan Irene sur le nord-est du pays, dont les villes de New York et Boston.

L'état de la consommation des ménages américains est important parce que ce secteur assure environ les deux tiers de la croissance du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis.

Cette consommation avait considérablement ralenti durant les six premiers mois de l'année, à son niveau le plus faible depuis la fin officielle de la récession américaine, en juin 2009.

Mais avec le rebond observé en juillet, la croissance économique américaine semble ainsi partie sur de meilleures bases au troisième trimestre 2011, qui prendra fin le 30 septembre.

La croissance du PIB américain n'avait atteint que 0,4% au premier trimestre et 1% au deuxième trimestre, terminé le 30 juin.

Néanmoins, des économistes avertissent que le rebond de la consommation en juillet aux États-Unis pourrait être de courte durée.

«Un tel élan m'apparaît clairement insoutenable», dit Stéfane Marion, économiste en chef et stratège boursier à la Banque Nationale.

Pourquoi ce doute?

D'une part, la plus récente mesure de la confiance des consommateurs américains, «en baisse extraordinaire», ne manquera pas de nuire à toute l'économie.

D'autre part, souligne M. Marion, ce rebond des dépenses des consommateurs aux États-Unis semble avoir été alimenté surtout par une ponction dans leurs réserves financières à court terme.

En effet, le taux d'épargne des ménages américains a reculé de 0,5% en juin, plus forte baisse depuis presque deux ans.

À New York, l'économiste en chef de la banque d'affaires JP Morgan Chase, Michael Feroli, est aussi sceptique.

Selon lui, «ça pourrait être difficile de répéter une tenue aussi forte que celle observée en juillet».

En contrepartie, il s'attend à ce que la baisse du prix de l'essence aux États-Unis, si elle perdure, soit un «élément positif» pour les consommateurs et qu'elle ait un impact important sur toute l'économie.

PIB en hausse

Pour Paul Ferley, économiste en chef adjoint à la Banque Royale (RBC), la croissance du PIB américain pourrait s'élever à près de 3% lors de la deuxième moitié de l'année.

Si c'est le cas, un tel taux de croissance semestriel serait plus du double de la croissance minime de 1% observée durant les six premiers mois de 2011.

Pour les économistes de la banque d'affaires japonaise Nomura, le rebond de la consommation aux États-Unis pourrait ajouter 1,3% au taux de croissance du PIB au troisième trimestre.

Cette croissance pourrait atteindre 2%, mais reste encore «bien inférieure» au potentiel de l'économie américaine, estime pour sa part Peter Newland, économiste à la banque Barclays.

Malgré des indices encourageants à court terme, des facteurs pèsent lourdement sur l'économie américaine.

Entre autres, le marché de l'immobilier résidentiel demeure déprimé dans la plupart des régions.

Les gains d'emplois et de salaires restent modestes. Aussi, le pouvoir d'achat des Américains est grignoté par une inflation au plus haut depuis la crise financière d'octobre 2008.

Avec l'AFP, Bloomberg et AP

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EN CHIFFRES

+0,8%

Augmentation des dépenses des consommateurs américains en juillet, une nette accélération après la hausse de 0,2% le mois précédent.

70%

Contribution approximative de la consommation à l'ensemble de l'activité économique américaine.

+0,3%

Hausse des revenus individuels (après impôts) des Américains en juillet, après une légère augmentation de 0,2% le mois précédent.