Le passage à la télé numérique ne se fera pas sans heurt: plutôt que d'acheter un syntoniseur numérique, plusieurs téléspectateurs pourraient choisir de se passer de télévision. Un mode de vie adopté il y a une quinzaine d'années par Pierre-Olivier Pineau, professeur universitaire qui, ironiquement, passe régulièrement à la télé comme spécialiste des politiques énergétiques. «Je suis faible de caractère, dit le professeur à HEC Montréal. Si j'avais une télé, je ne serais pas capable de me discipliner et je serais toujours sur mon sofa.»

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Le manque de temps est une raison qu'invoquent souvent ceux qui ont déserté le petit écran. «Ça me vampirisait trop de mon temps. Parfois, je pouvais passer des journées complètes devant la télé», dit Nicolas Paradis, étudiant à la maîtrise en philosophie.

Même constat de Sandra Picard, ingénieure à SNC-Lavalin, qui a laissé sa vieille télévision au bord du chemin quand elle a déménagé l'an dernier. «Nous sommes plus sélectifs dans nos heures d'écoute depuis que nous avons remplacé notre abonnement au câble par une connexion internet illimitée, dit-elle. Je regarde mes séries sur TOU.TV, mon chum son hockey sur l'internet.»

Après 10 ans sans télé, Nicolas Paradis se réconciliera bientôt avec le petit écran. «Mon père va me procurer une télé de 30 pouces, mais ce sera surtout un écran pour regarder des films et des DVD, et sûrement un peu le hockey du samedi soir à CBC», dit l'étudiant à l'Université de Montréal.

Sandra Picard, elle, ne veut pas revenir à son ancienne vie. «Je trouve intéressant que mes enfants ne soient pas exposés à la télé en grandissant», dit cette jeune mère de famille, qui accouchera de son deuxième enfant dans quelques mois.

Pierre-Olivier Pineau n'a pas non plus l'intention de revenir en arrière, encore moins de s'abonner au câble ou à la télé par satellite. «La télé me manque parfois quand je veux regarder des matchs sportifs, les soirées électorales ou les remises de prix comme l'ADISQ, mais c'est trop cher de payer de 30$ à 50$ par mois pour le câble, d'autant plus qu'on ne choisit pas véritablement ses chaînes», dit-il.