Si on fait abstraction du secteur de l'automobile, les ventes au détail ont légèrement fléchi au Canada en juin dernier. Toutefois, cela ne constitue pas nécessairement un autre signe que l'économie s'en va vers un nouveau ralentissement.

Selon Statistique Canada, les ventes au détail ont augmenté de 0,7% pour atteindre 37,8 milliards de dollars en juin au Canada. Toutefois, si on exclut les ventes des détaillants de véhicules automobiles et de pièces, les ventes ont diminué de 0,1%.

«Je serais prudent avant de dire que c'est le début d'une tendance plus difficile pour le commerce de détail, a dit Benoît Durocher, économiste chez Desjardins. Il faut faire attention parce qu'il y a eu des baisses de prix importantes dans certains secteurs, comme l'essence, les articles électroniques et ménagers, qui ont fait baisser la moyenne. Lorsqu'on regarde les volumes, il y a eu une très bonne progression en juin.»

Il a indiqué que l'indice de confiance des ménages du Conference Board du Canada, publié lundi, était probablement un indice plus révélateur. L'indice de confiance des ménages canadiens a diminué de 6,6% au mois d'août, par rapport au mois précédent, alors que l'indice de confiance des ménages québécois a dégringolé de 12,7%.

«Les données de Statistique Canada sur les ventes au détail portaient sur le mois de juin, a fait remarquer M. Durocher au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Or, il s'est passé bien des choses entre le mois de juin et aujourd'hui.»

Mais même l'indice de confiance du Conference Board ne serait pas nécessairement le signe d'une tendance à la baisse.

«Nous étions au coeur de la crise quand le Conference Board a fait son sondage, a déclaré l'économiste de Desjardins. La situation n'est pas encore réglée, mais ce n'est peut-être pas la panique que nous avons vue il y a quelques semaines.»

Il a rappelé que les éléments fondamentaux de l'économie canadienne étaient encore «relativement bons», avec un marché du travail robuste, des revenus assez solides et des taux d'intérêt très bas. Les perspectives économiques se sont cependant assombries depuis le printemps.

«On a beau avoir des conditions gagnantes, si la confiance n'est pas là, c'est bien difficile d'avoir une progression des dépenses des consommateurs», a-t-il indiqué.

De son côté, Sébastien Lavoie, économiste à la Banque Laurentienne, a insisté sur l'endettement des ménages canadiens.

«Les revenus ne suivent pas la hausse du coût de la vie, a-t-il affirmé. Ça va donner des statistiques plus anémiques en ce qui concerne les ventes au détail.»

Il a toutefois noté que la situation des ménages canadiens était moins dramatique que celle des ménages américains. «Le taux de chômage est plus faible au Canada et la confiance n'a pas été minimisée par la chamaille politique à Washington, qui a fait en sorte que les consommateurs américains ont le moral dans les talons, a-t-il déclaré. Ça devrait nous donner un profil de consommation un peu plus intéressant ici qu'aux États-Unis.»

Comme M. Durocher, l'économiste de la Banque Laurentienne a noté que les données de Statistique Canada sur les ventes au détail portaient sur le mois de juin, il y a donc deux mois.

«Il ne faut pas trop regarder dans le rétroviseur, c'est plus ce qui s'en vient qui va peser lourd, a-t-il lancé. Avec toute la dette de consommation, il faudra s'attendre à une croissance plus modeste. Les commerçants vont trouver ça plus difficile.»

Certains détaillants devraient cependant tirer leur épingle du jeu, surtout ceux qui vendent des produits moins chers.