Ouf! s'est-on écrié des deux côtés de la frontière après la publication des données de juillet sur l'emploi et le chômage qui, sans être mirobolantes, n'avaient au moins rien de la catastrophe appréhendée.

Cela n'aura pas suffi, cependant, à calmer l'inquiétude sur les marchés boursiers qui ont connu une journée en dents de scie, du moins aux États-Unis.

On comptait en juillet 7100 emplois de plus qu'en juin au Canada, selon les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada. Jumelée à la désertion de 28 600 personnes des rangs de la population active, cette modeste récolte aura suffi à faire reculer le taux de chômage de deux crans à 7,2%.

Ces 7100 emplois de plus masquent une réalité beaucoup plus encourageante. Ils sont le résultat de 25 500 emplois à temps plein de plus et de 18 400 temps partiel en moins. Bref, les seconds se transforment en premiers, ce qui est le signe d'une certaine confiance des employeurs. Cette année, l'économie canadienne a créé 198 000 emplois, dont 180 000 à temps plein.

L'initiative en revient au secteur privé seulement. De juin à juillet, le secteur privé a même gonflé ses effectifs de 94 500 personnes, le meilleur score en 11 ans, tandis que le secteur public en retranchait 71 500 et que les rangs des travailleurs autonomes s'amincissaient de la différence. «Le nombre d'emplois dans le privé dépasse maintenant son sommet d'avant la récession, observe Matthieu Arseneau, de la Banque Nationale. La masse salariale versée en juillet a progressé de 1,1%, la plus forte hausse en 14 mois.»

Seule ombre à ce beau tableau, la rémunération annuelle était en hausse de 1,4%, contre 2,0% le mois précédent, ce qui est moins que le rythme d'inflation.

Trois éléments expliquent le repli du secteur public: les mesures d'austérité budgétaire d'Ottawa et des provinces, la cessation des emplois liés au recensement quinquennal et la fin des contrats des enseignants non titulaires (30 000). Ces derniers gonfleront cependant la création d'emplois en août et septembre, comme on l'a observé au cours des dernières années.

Les industries qui ont embauché des travailleurs étaient surtout la construction, la fabrication, le commerce, le transport et l'entreposage, de même que l'hébergement.

Au Québec, où la création d'emplois est plus lente que dans l'ensemble du Canada cette année, il s'en est tout de même ajouté 9200, tous à temps partiel cependant. Les quelque 20 800 emplois de plus depuis le début de l'année sont d'ailleurs tous à temps partiel.

Comme dans le reste du pays, la cohorte de la population active a diminué, ce qui a permis le recul de sept dixièmes du taux de chômage à 7,2%.

Aux États-Unis

Aux États-Unis, où on craignait le pire après la série d'indicateurs faisant état d'une inquiétante décélération de l'économie, l'ajout de 117 000 emplois en juillet et la révision positive de 56 000 pour mai et juin ont été reçus avec soulagement. On s'attendait à 85 000 emplois de plus seulement.

Parmi les éléments encourageants, notons l'ajout de 24 000 travailleurs en usine, dans l'industrie automobile en particulier, dont l'approvisionnement reprend progressivement.

Le secteur public a encore comprimé ses effectifs, de 37 000 cette fois-ci. Le lock-out de trois semaines décrété par les républicains du Minnesota, qui a jeté 30 000 fonctionnaires à la rue, y est pour beaucoup, mais l'assainissement des finances des États et des municipalités laisse entrevoir de nombreux licenciements au cours des mois à venir.

Le décrochage de la population active s'est poursuivi, à hauteur de 193 000 personnes, ce qui a entraîné le repli d'un dixième du taux de chômage à 9,1%.

Cette modeste diminution survient après trois hausses d'affilée que d'aucuns associaient au présage d'une rechute en récession de la première économie du monde.

Elle ne doit pas faire illusion. Le taux d'emploi est à peine de 58,1%, le plus faible depuis 1983. En comparaison, il s'élève à 61,9% au Canada et à 60,9% au Québec.

«Les 117 000 emplois créés en juillet sont nettement insuffisants pour causer une diminution durable du taux de chômage, rappelle Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins. C'est certes un pas dans la bonne direction, mais encore faut-il que le momentum persiste.»

Comment y parvenir? Ce sera certainement un des sujets de réflexion des membres de la Réserve fédérale qui se réuniront mardi.