Les dirigeants du G7 étaient sous pression dimanche pour tenter de s'entendre sur une réponse concertée face à la crise de la dette en zone euro et la dégradation de la note des États-Unis, afin de parer à la menace d'un nouveau plongeon des marchés financiers lundi.

Premier indicateur de la température des marchés après le coup de tonnerre de la dégradation de la note de crédit des États-Unis, la Bourse de Tel-Aviv, l'une des rares à être ouverte le dimanche, a plongé de plus de 6% en séance.

Standard & Poor's (S&P) avait retiré vendredi aux États-Unis la prestigieuse note «AAA», dont jouissent les émetteurs d'obligations les plus fiables.

Sanction inédite depuis la création de l'agence en 1941, S&P a abaissé la note du pays d'un cran à «AA+», invoquant  «des risques politiques» liés à l'énorme dette publique américaine, qui dépasse 14 500 milliards de dollars.

Une décision contestée vivement par le Trésor américain, qui a remis samedi en cause «l'intégrité» de l'agence. Selon lui, elle a commis une «erreur de 2000 milliards de dollars» dans les projections de déficit budgétaire jusqu'en 2021.

«Les marchés s'y attendaient déjà largement», a tempéré dimanche l'économiste en chef pour l'Europe de S&P, Jean-Michel Six. Pour lui, l'inquiétude des marchés «porte bien plus sur la reprise, sur la vigueur de la reprise économique que sur telle ou telle note en particulier».

De nombreux économistes craignent cependant une descente aux enfers des marchés. «Le fait que Standard and Poor's ait finalement appuyé sur la gâchette (...) va sans aucun doute ébranler les marchés financiers à leur ouverture lundi», résume Paul Dales, analyste chez Capital Economics basé aux États-Unis.

La sanction infligée à la première économie mondiale rend d'autant plus urgente une action concertée des dirigeants européens et américains, incapables jusqu'à présent d'enrayer la spirale baissière des Bourses mondiales.

Les ministres des Finances et présidents des pays du G7, qui rassemble les États-Unis, l'Allemagne, le Japon, la France, le Canada, l'Italie et la Grande-Bretagne, ont multiplié les contacts téléphoniques ce week-end afin d'élaborer une stratégie commune.

Les pays du G20, qui regroupe les principales économies de la planète, ont tenu dimanche matin une conférence téléphonique d'urgence sur la crise de la dette et le coup dur porté aux États-Unis, a indiqué le vice-ministre sud-coréen des Finances Choi Jong-Ku.

Cette concertation avait été précédée, dans la nuit de samedi à dimanche, d'une téléconférence des ministres des Finances du G7 et de leurs conseillers, entourée du plus grand secret.

Une autre télé-conférence entre ministres des Finances et banquiers centraux du G7 devrait suivre avant la réouverture lundi matin des marchés financiers en Asie, selon des médias japonais, qui évoquent la possibilité d'une déclaration commune destinée à calmer les marchés.

Parmi les pistes à l'étude figure une éventuelle intervention de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait acheter dès lundi des obligations d'État italiennes. Ce projet a été annoncé par le ministre italien des réformes institutionnelles Umberto Bossi, mais n'a pas été confirmé à Francfort.

Une telle intervention avait été réclamée avec force par les marchés. Le discours jeudi dernier du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, qui a promis de nouveaux achats sur le marché de la dette, n'a pas eu l'effet apaisant escompté auprès des investisseurs.

Ces derniers espéraient que ces rachats concernent surtout l'Espagne et l'Italie, mais M. Trichet était resté muet sur la question.

Du coup, les primes de risque payées par les deux pays sur les marchés de la dette par rapport à l'Allemagne, pays de référence de la zone euro, ont atteint de nouveaux records.

La décision de S&P «va provoquer des effets de ricochet sur l'Espagne et l'Italie et mettre la France sous pression», estime Charles Wyplosz, professeur d'économie aux Hautes Études de Genève. «La zone euro descend dans les abysses», prévient-il.

La France, qui préside le G7, ne court pas de risque immédiat de perdre le label suprême «AAA», a laissé entendre dimanche Jean-Michel Six, qui a réaffirmé que la note du pays était assortie «d'une perspective stable» pour Standard & Poor's.

La situation est bien plus délicate pour l'Italie. Le premier ministre Silvio Berlusconi a promis d'accélérer son plan d'austérité «dans le but d'arriver à l'équilibre budgétaire» dès 2013, et non plus 2014.

M. Berlusconi avait avancé vendredi qu'une réunion du G7 Finances serait anticipée «dans les prochains jours», avant un possible sommet du G8 en cas d'accord.

Mais l'Italie n'est pas assurée du soutien de l'ensemble de l'Union monétaire. Berlin estime que l'Italie est un trop gros morceau pour pouvoir être sauvée par le Fonds européen de soutien, a rapporté dimanche l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.