Médias Transcontinental vient de remporter la dernière manche dans la guerre des hebdos qu'elle livre à Quebecor (Sun Media). L'entreprise s'implante dans un nouveau marché: en acquérant les 11 hebdomadaires et mensuels ainsi que des portails web du Groupe Le Canada Français, elle met enfin le pied à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Granby.

> Suivez Isabelle Massé sur Twitter

Transcontinental distribuait et imprimait déjà, depuis 33 ans, les publications du Canada Français mais ne possédait pas de journaux dans ce territoire. Cette transaction survient après que Quebecor eut manifesté récemment son intérêt pour des hebdos sur les mêmes territoires.

Un bon coup pour Transcontinental? «Oui, car ça nous amène dans des territoires en croissance, des marchés qui rajeunissent, répond Natalie Larivière, présidente de Médias Transcontinental. Mais on se concentre sur notre stratégie. Il y a un potentiel pour nous en matière de croissance numérique. Quebecor décide qu'il va dans des marchés porteurs. La concurrence a des avantages. Ça nous assure d'être plus créatifs.»

En tant qu'indépendant, Le Canada Français ne se sentait pas les reins assez solides pour soutenir justement cette croissance numérique. «On regardait de quoi l'avenir était fait, indique Renel Bouchard, actionnaire et directeur général du Canada Français qui assure la transition jusqu'au 31 octobre. On savait que la guerre entre Quebecor et Transcontinental s'en venait sur notre territoire. Et on savait qu'on n'était pas équipés pour y faire face. On n'avait pas non plus, à l'interne, de relève de dirigeants à court terme. Aussi, le papier s'est heurté assez violemment au web. Les petites entreprises n'ont pas les moyens de combattre et investir des millions dans le développement web.»

Cela étant dit, l'entreprise indépendante conserve ses immeubles ainsi que ses activités de prépresse et d'impression (LR Graphique notamment). «Le Canada Français a des intérêts ailleurs, note Gilber Paquette, directeur général et directeur marketing d'Hebdos Québec. C'est une entreprise très diversifiée.»

Indépendants

Parmi les journaux indépendants, il reste les Courrier de Khaled Kalille sur lesquels Quebecor, qui a déjà acquis les Hebdos Montérégiens en février, pourrait maintenant mettre la main. «Tous les scénarios sont plausibles maintenant», soutient Gilber Paquette.

«La guerre a changé beaucoup la donne, juge Renel Bouchard. Je ne suis pas sûr que toutes les villes soient capables de faire vivre deux ou trois journaux. Pour qu'une publication dure, il faut miser sur la qualité de l'information.»

Depuis que Transcontinental et Quebecor ont investi les marchés, respectivement, de la Rive-Sud et de la Rive-Nord, lieux des premiers combats de titans, il y a un an et demi, les prix pour annoncer dans les hebdos présents ont chuté de moitié. «Par réflexe, le Groupe Le Canada Français a senti que la valeur de l'entreprise pouvait diminuer», explique Gilber Paquette.

Renel Bouchard affirme que depuis 15 ou 20 ans, on sonde son groupe. Pourquoi avoir choisi Transcontinental? «Car on a une relation d'affaires avec eux depuis 1979, répond-il. Transcontinental imprime et distribue nos journaux depuis longtemps.»

Pour l'instant, l'acquéreur, qui possède désormais 85 publications, dit vouloir conserver tous les journaux et les effectifs (160 employés) du Groupe Le Canada Français. «Cette acquisition nous permet de produire, imprimer et distribuer 2,8 millions de copies par semaine», dit Natalie Larivière.

Transcontinental et Le Canada Français n'ont pas révélé la valeur de la transaction.