Les concessionnaires automobiles ont consenti d'importants rabais le mois dernier pour réduire leurs stocks, restés élevés à cause des ventes décevantes en mai.

Les prix des voitures ont diminué en moyenne de 4,7%, de mai à juin, la seconde baisse mensuelle en importance en un demi-siècle. Puisque les véhicules représentent 7,7% du panier de provisions qui sert au calcul des variations de l'Indice des prix à la consommation (IPC), on sera peu surpris que celui-ci ait reculé de 0,4% sur une base désaisonnalisée.

Le rythme annuel d'inflation a considérablement diminué de mai à juin, passant d'un sommet en huit ans de 3,7% à 3,1%, a indiqué hier Statistique Canada. Il demeure néanmoins au-dessus des 3% pour un quatrième mois d'affilée.

Les prix ont reculé dans toutes les provinces. Au Québec, le repli mensuel est de 0,6% ce qui y ramène le taux annuel d'inflation à 3%. Cette diminution est beaucoup plus forte que ce à quoi s'attendaient les observateurs.

En outre, l'inflation de base, ou IPCX, (qui exclut des composantes volatiles comme les fruits, les légumes ou l'essence et qui est surveillée de près par la Banque du Canada) a aussi fortement fléchi puisque le prix des véhicules entre dans son calcul. Elle passe de 1,8% à 1,3%.

Les investisseurs ont été pris de court. Ils ont interprété ces résultats comme un répit supplémentaire accordé à la Banque du Canada avant la reprise de son resserrement monétaire. Voilà pourquoi le huard a perdu environ un demi-cent face au billet vert après une montée de trois jours mue par la perspective d'une hausse prochaine du taux directeur.

La forte baisse observée dans l'inflation totale se poursuit sans doute ce mois-ci, malgré la hausse constante du prix des aliments qui n'est pas près de finir. En juillet 2010, l'Ontario et la Colombie-Britannique ont mis en place une taxe de vente harmonisée qui a généré à elle seule une hausse de 0,7% de l'IPC pendant un an. Cette hausse disparaîtra dans le calcul de l'inflation de juillet.

Ce ne se reflétera pas dans l'IPCX puisque l'effet des taxes en est exclu. La probabilité qu'il augmente est même forte puisque les rabais des concessionnaires sont généralement observés en juillet alors qu'ils ont été devancés d'un mois cette année. En outre, les ventes de véhicules ont bondi en juin, selon les données préliminaires. «Nous nous attendons à une augmentation de 0,3% de l'IPCX dès juillet», affirme Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale.

Le prix des aliments reste en hausse de 4,3% depuis un an et a bondi de 0,2% d'avril à mai. Il pèse 15% dans le panier de biens et services qui compose l'IPC. Les prix de la viande et du pain en particulier augmentent fortement. Ceux des fruits et légumes se replient grâce à l'effet tampon joué par notre monnaie dont le pouvoir d'achat a augmenté de 5% pour les produits américains depuis le début de l'année.

Le prix du logement, qui représente 27,5% du panier, augmente lui aussi, mais de façon moindre. En revanche de mai à juin, le prix des vêtements a reculé.

De façon générale, les biens coûtent 3,8% de plus qu'il y a un an, les services 2,6%.

Les données de juin donnent un rythme annualisé de 1,6%

de l'IPCX au deuxième trimestre, soit un dixième de moins que l'estimé de la Banque du Canada publié mercredi. La Banque estime que l'IPCX va poursuivre sa lente progression au troisième trimestre. Si cela s'avère, alors la probabilité d'un resserrement monétaire cet automne demeure intacte. «La politique monétaire est menée en évaluant ce que serait l'inflation totale dans 12 à 18 mois s'il y avait statu quo sur les taux d'intérêt», rappelle Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC.

Y a-t-il quelqu'un qui croit qu'elle serait inférieure à 2%?

 

Voici le taux dans les provinces et territoires (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Terre-Neuve-et-Labrador 3,2 (3,7)

- Île-du-Prince-Édouard 3,4 (3,9)

- Nouvelle-Écosse 4,4 (4,6 )

- Nouveau-Brunswick 3,6 (4,1)

- Québec 3,0 (3,5)

- Ontario 3,6 (4,0)

- Manitoba 3,2 (3,9)

- Saskatchewan 2,6 (3,4)

- Alberta 2,1 (2,8)

- Colombie-Britannique 2,7 (3,1)

- Whitehorse, Yukon 3,0 (3,6)

- Yellowknife, T.N.O. 2,7 (3,2)

- Iqaluit, Nunavut 0,4 (1,2)

Voici le taux dans les grandes villes:

- Saint-Jean, T.-N.-L. 3,1 (3,6)

- Charlottetown-Summerside, 3,2 (3,7)

- Halifax, 4,1 (4,3)

- Saint-Jean, N.-B., 3,5 (4,1)

- Québec, 2,9 (3,5)

- Montréal, 2,7 (3,2)

- Ottawa, 3,5 (4,0)

- Toronto, 3,5 (3,9)

- Thunder Bay, 3,7 (4,3)

- Winnipeg, 3,2 (3,7)

- Regina, 2,7 (3,4)

- Saskatoon, 2,3 (3,1)

- Edmonton, 2,4 (3,0)

- Calgary, 1,6 (2,4)

- Vancouver, 2,6 (3,0)

- Victoria, 2,6 (3,0)