Le magnat américain des médias, Rupert Murdoch, entendu mardi avec son fils, s'est employé à se dédouaner de sa responsabilité «finale» dans l'affaire des écoutes au sein d'un de ses tabloïdes.

L'octogénaire, assis à côté de James Murdoch, numéro trois du groupe familial News Corp. pour faire face aux dix députés de la «Commission culture, médias et sport», a d'abord fait profil bas.

«Je ne me suis jamais senti aussi humble de ma vie», a-t-il assuré, au début de l'audition qui a débuté peu après 14H30 en direct à la télévision, se disant «plus que disposé» à répondre aux questions des députés.

Son fils est intervenu à son tour pour présenter ses excuses en son nom et celui de son père, aux victimes des écoutes.

«Je voudrais juste dire combien je suis désolé et combien nous sommes désolés, tout particulièrement aux victimes» de cette affaire «et à leur famille», a-t-il déclaré.

Mais lorsque les députés ont commencé à mettre sur le grill le puissant Rupert Murdoch, patron d'un des plus grands groupes de presse mondial, sur sa responsabilité «finale» dans l'affaires des écoutes pratiquées à grande échelle par un tabloïde de sa branche britannique dans les années 2000, il a botté en touche.

Au député qui lui demandait: «acceptez-vous de reconnaître vous êtes le responsable ultime de tout ce fiasco», M. Murdoch a laconiquement répondu : «non».

Qui est responsable? a alors poursuivi le parlementaire. «Les personnes à qui j'ai fait confiance et ensuite peut-être les personnes à qui elles ont fait confiance», a ajouté le magnat.

«Le News of the World représente moins de 1% de notre groupe. J'emploie 53 000 personnes dans le monde, qui sont de grands professionnels, soucieux d'éthique», a-t-il plaidé.

Dans l'atmosphère très concentrée et parfois tendue de cette audition, l'octogénaire a laissé passer à certains moments de très longues secondes avant de formuler une réponse prudente.

Il s'est aussi tourné de temps en temps vers son fils pour un complément de réponse ou a semblé quelquefois ne pas entendre la question, demandant qu'elle lui soit répétée.

Mais il a su se montrer aussi très incisif, assénant qu'il n'y avait «absolument aucune preuve» que des proches de victimes des attentats du 11 septembre 2001 à New York aient été l'objet d'écoutes, en réponse à une question sur l'enquête lancée par le FBI américain.

Quand un des députés de la commission lui a rappelé que Rebekah Brooks, l'ancienne rédactrice en chef du News of the World, le tabloïde au centre du scandale, avait admis en 2003 que des policiers avait été payés en échange d'informations, il a répondu qu'il «le savait maintenant, mais qu'il n'était pas au courant à l'époque».

Il a ajouté qu'il avait «clairement» été trompé par des responsables de son groupe.

Le député travailliste, Tom Watson, très en pointe dans cette affaire, lui a alors demandé si les dirigeants de News Corp avaient oublié de l'informer que les députés pensaient que le groupe Murdoch souffrait d'amnésie. La salle a éclaté de rire.

James Murdoch a pour sa part assuré que News Corp avait agi «de la manière la plus rapide et la plus transparente possible» quand il avait eu en sa possession de nouvelles preuves des écoutes.

Cette audience, ouverte au public, est l'une des plus importantes jamais menée par une commission parlementaire au Royaume-Uni. Il est rarissime que Rupert Murdoch s'exprime publiquement.

La femme de Rupert Murdoch, Wendi, se tenait parmi les spectateurs.

4000 personnalités de tous horizons pourraient avoir été victimes des écoutes au sein du News of the World, selon la police.

Les députés devaient entendre ensuite Rebekah Brooks, l'ancienne «reine des tabloïdes» qui fut rédactrice en chef du NotW à l'époque des faits, puis directrice de News International, la division britannique de News Corp.