Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a averti mercredi à Washington qu'un défaut de paiement des États-Unis créerait des «problèmes énormes» pour le pays et une «crise majeure» à l'échelle mondiale.

Si les États-Unis venaient à manquer à leurs obligations vis-à-vis de leurs créanciers, «cela serait une crise majeure», cela «enverrait des ondes de choc à travers l'ensemble du système financier mondial», a déclaré M. Bernanke devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants.

Le président de la Fed faisait là référence au fait que les obligations du Trésor américain sont largement considérées dans le monde entier comme un placement extrêmement sûr, aussi sûr que l'or.

M. Bernanke a averti qu'un défaut de paiement du Trésor américain aurait aussi des conséquences dramatiques pour l'économie américaine.

Cela créerait des «problèmes énormes», a-t-il dit: «les taux d'intérêt commenceraient à monter» à mesure que les créanciers remettraient en question la capacité du pays à rembourser ses dettes, ce qui «affaiblirait notre économie et alourdirait encore notre déficit».

Le chef de la Réserve fédérale a illustré son propos d'une référence à l'Europe, où le coût du financement des États jugés les moins solvables est monté en flèche.

«Nous voyons cela en Europe. Il y a un cercle vicieux qui peut être difficile à casser», a-t-il dit en réponse à une question sur une éventuelle flambée des taux d'intérêt aux États-Unis en cas de défaut de paiement.

Faisant référence au fait que le relèvement du plafond de la dette est rendu nécessaire par les dépenses entraînées par les lois votés par le Congrès, M. Bernanke a estimé que ne pas le relever équivaudrait à «dépenser comme un fou avec sa carte de crédit et refuser ensuite de payer la facture».

Le département du Trésor estime qu'il ne pourra pas éviter de se retrouver en défaut de paiement si le plafond légal de la dette publique du pays n'est pas relevé d'ici au 2 août. Ce plafond a été atteint à la mi-mai, et le ministère indique qu'il aura épuisé tous les expédients dont il use depuis lors pour continuer d'emprunter sur les marchés sans augmenter le niveau de la dette.

Le gouvernement et les élus du Congrès négocient depuis plusieurs semaines un plan d'économies budgétaires sur dix ans qui permettraient de lever l'obstruction des républicains au relèvement du plafond de la dette, mais les discussions piétinent.

«Il faut à la fois un relèvement du plafond de la dette qui nous permettrait d'éviter un défaut», mais «aussi que nous prenions des mesures sérieuses pour changer la trajectoire intenable de notre situation budgétaire» à long terme, a-t-il dit aux élus. «Je pense que ces deux objectifs peuvent être atteints».

M. Bernanke témoignait devant la Commission à l'occasion de la présentation du rapport semestriel de politique monétaire de la Fed, mais l'essentiel des questions que lui posaient les élus avaient trait à la situation des finances publiques.