Le Plan Nord du gouvernement Charest fait déjà saliver Genivar (T.GNV), qui a commencé à placer ses pions en mettant la main sur une petite boîte de Québec susceptible de lui ouvrir des portes.

Le géant du génie-conseil a avalé OptiVert, entreprise d'une trentaine d'employés spécialisée dans la gestion de forêts. Genivar en a profité pour annoncer du même coup l'acquisition d'une autre firme environnementale, JMH Environmental Solutions. Cette dernière est de Calgary, fait dans l'énergie et ne compte que quelques employés.

En tout, les analystes estiment que Genivar a dû débourser de 3 à 5 millions de dollars pour ces deux acquisitions.

«Genivar a clairement mentionné que les acquisitions seront un élément-clé de sa stratégie, avec un objectif de croissance de 15% découlant des fusions et acquisitions», rappelle l'analyste Pierre Lacroix, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note aux investisseurs.

Sur un chiffre d'affaires de 580 millions l'an dernier, les nouvelles acquisitions ne pèsent pas très lourd dans la balance et M. Lacroix prévoit un impact «neutre» sur Genivar.

Le marché a aussi peu réagi. Le titre de Genivar a gagné 27 cents ou 1,05%, hier à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 26$.

Les deux acquisitions annoncées hier viennent grossir la division environnement de Genivar, qui emploie déjà 500 des 4500 employés de l'entreprise et génère environ 10% de ses revenus. «C'est un secteur en pleine croissance», dit Isabelle Adjahi, directrice des communications.

Cette fois, c'est notamment la perspective du Plan Nord lancé par le gouvernement Charest qui a incité Genivar à acheter OptiVert.

«Quand on parle du Plan Nord, on parle beaucoup de mines et de routes pour aller développer cette partie du Québec. Tout ce qui concerne le tracé des routes est l'une des choses qu'OptiVert peut faire. Mais il y a aussi tout le volet forestier, dont on parle moins, mais qui fait aussi partie de la stratégie», dit Mme Adjahi.

OptiVert s'est bâti une expertise dans l'évaluation et la gestion des ressources forestières. Sa liste de clients actuels compte le ministère des Ressources naturelles et de la Faune et des sociétés papetières comme AbitibiBowater.

«On n'avait pas du tout cette expertise-là», dit Mme Adjahi.

En discussions avec Genivar depuis plus d'un an, les dirigeants de la petite boîte admettent y avoir réfléchi deux fois avant de céder les rênes de leur bébé à une grande entreprise.

«C'est sûr qu'à la base, ça fait toujours peur. Mais on a pris des références, on a rencontré plein d'entreprises qui ont été acquises par Genivar au cours des dernières années. On s'est fait rassurer sur notre niveau d'autonomie», dit André Carle, président du Groupe OptiVert, qui occupera désormais un poste de directeur chez Genivar.

Genivar réalise une dizaine d'acquisitions par année et dit garder l'oeil ouvert pour trouver de nouvelles cibles.