Le groupe internet Google a confirmé vendredi qu'il était visé par une vaste enquête des autorités américaines de la concurrence portant sur son moteur de recherche et sur ses pratiques publicitaires, qui fera écho à celle déjà ouverte à Bruxelles.

«Nous reconnaissons que notre succès attire l'attention (des autorités). Hier (jeudi), nous avons été formellement informés par la Commission fédérale du commerce (FTC) qu'elle avait lancé une enquête sur nos activités», a indiqué l'un des dirigeants de Google, Amit Singhal, sur le blog du groupe.

«Nous travaillerons avec (la FTC), comme nous l'avons fait avec d'autres administrations, dans les mois qui viennent pour répondre aux questions sur Google et nos services», a-t-il ajouté.

D'après le Wall Street Journal, les autorités américaines devraient notamment vérifier si Google, qui monopolise environ les deux tiers des recherches sur internet, abuse ou pas de cette position dominante pour diriger les internautes sur ses services au détriment des concurrents.

Google fait déjà l'objet d'une enquête similaire des autorités européennes de la concurrence depuis novembre.

Pour l'analyste indépendant Rob Enderle, les enquêtes sur Google rappellent celles contre Microsoft dans les années 1990, car le groupe de Mountain View affronte la même perception: «la plupart des gens pensent déjà que Google est un monopole et que la concurrence est trop limitée».

«Il faut absolument que Google prenne cela au sérieux et essaie d'interrompre ce processus avant d'être forcé d'accepter une sanction en justice ou même un démantèlement», ajoute M. Enderle, pour qui l'enquête va se concentrer sur le contrôle des recettes publicitaires, via les régies de Google.

Google est «un faiseur de rois»: une société qui apparaît en bonne place lors d'une recherche sur le service de Google obtient des recettes publicitaires élevées, contrairement à une société qui n'apparaît qu'en deuxième ou troisième page, explique M. Enderle.

«Ce genre de contrôle rend tout le monde très nerveux», ajoute-t-il .

Google, qui réalise environ 97% de son chiffre d'affaires dans la publicité, devrait monopoliser 75,9% des recettes publicitaires tirées de la recherche en ligne aux États-Unis cette année, selon le cabinet eMarketer.

Concernant l'ensemble des recettes publicitaires sur internet aux États-Unis, Google devrait atteindre une part de marché de 40,8%, selon eMarketer, loin devant Yahoo! (11%) et Facebook (7%).

Le groupe de Mountain View s'est défendu jeudi, se disant guidé par l'intérêt des internautes, et protestant de la transparence de son fonctionnement.

«En 13 ans, nous avons construit un modèle qui a changé la façon dont les gens trouvent des réponses, et a aidé des entreprises petites et grandes à créer des emplois et se connecter à de nouveaux clients», a souligné M. Singhal, se disant convaincu que les principes épousés par Google «résisteront à l'examen».

L'association CCIA (Computer & Communications Industry Association), prompte à dénoncer les tendances monopolistiques de géants comme Microsoft ou Intel, a volé au secours de Google, soulignant que «gros ne veut pas forcément dire mauvais».

«Nous nous inquiétons de voir que, de plus en plus, des accusations antitrust sont fabriquées et brandies comme une matraque par des sociétés espérant nuire au succès de concurrents», a dit le directeur général de la CCIA, Ed Black, semblant faire allusion à des groupes comme Microsoft qui a appartenu à plusieurs collectifs dénonçant Google.