Research In Motion (T.RIM) a perdu tellement de valeur qu'un acquéreur pourrait verser une prime de 50% sur le titre et mettre la main sur le fabricant des BlackBerry à un rapport cours/bénéfices encore inférieur à celui de toute autre entreprise de l'industrie.

L'action de RIM, entreprise de Waterloo, en Ontario, qui a déjà valu 83 milliards US, a chuté de plus de 80% depuis son niveau record d'il y a trois ans, tandis que l'iPhone, d'Apple, et la plateforme Android, de Google, lui ont ravi de la clientèle du secteur des téléphones intelligents. Le titre de RIM, qui a chuté la semaine dernière après que l'entreprise eut annoncé que ses ventes trimestrielles pourraient reculer pour la première fois en neuf ans, a clôturé lundi à 25,89$US, soit 4,7 fois les bénéfices prévus pour l'an prochain. C'est moins que tout autre fournisseur d'équipement de communications, selon des données compilées par Bloomberg.

Le titre de RIM a toutefois rebondi de 9,2% (2,33$), à 27,74$ hier, à la Bourse de Toronto.

Alors que Jim Balsillie et Mike Lazaridis, les deux co-PDG de Research In Motion, soutiennent que leur engagement envers l'entreprise «est plus fort que jamais», l'entreprise se trouve tout de même dans une situation susceptible d'attirer Microsoft et Dell, d'après BMO Harris Private Banking. Un acheteur obtiendrait un fabricant de téléphones intelligents qui est encore dominant dans le secteur de la clientèle d'entreprise en plus d'offrir une plus grande sécurité grâce à ses propres serveurs pour la transmission de courriels. En outre, RIM génère plus de trésorerie disponible comparativement à son cours en Bourse que n'importe lequel de ses concurrents. Verser 40$US l'action pour RIM représente encore un achat au rabais par rapport aux entreprises comparables de l'industrie.

«Étant donné l'ampleur de la détérioration du prix de l'action, cette seule considération suscite de l'intérêt», affirme Paul Taylor, qui participe à la gestion de 14,5 milliards US, y compris des actions de RIM, à titre de responsable des placements de BMO Harris, à Toronto. «RIM possède encore une part significative du marché aux États-Unis, ajoute-t-il, de même qu'une part significative du marché international, et RIM possède une marque très connue.»

«Ce n'est pas difficile d'imaginer le prix de l'action qui se situerait quelque part entre 40$US et 50$US lors d'une acquisition», soutient M. Taylor.

RIM pourrait bientôt supprimer jusqu'à 200 postes à ses installations de Waterloo afin de réduire ses coûts d'exploitation, selon certains analystes financiers.

«Si l'entreprise prévoit des livraisons moindres de ses BlackBerry pour une période prolongée, elle doit ajuster sa structure de coûts en conséquence», dit Bill Kreher, analyste des titres technologiques pour la firme Edward Jones, de St. Louis, au Missouri.

Depuis que le titre a atteint son sommet en juin 2008, les actionnaires de l'entreprise ont perdu près de 70 milliards US, et la capitalisation boursière de l'entreprise ne se situait plus qu'à 13,6 milliards US lundi. Cette dégringolade de 82% est la pire parmi les fournisseurs d'équipement de communications valant au moins 10 milliards US au cours des trois dernières années, indiquent des données compilées par Bloomberg.

Au cours de cette même période, l'action d'Apple, de Cupertino, en Californie, a bondi de 74% et le fabricant de l'iPhone s'est hissé en tête des entreprises de technologie sur le plan de la valeur, sa capitalisation boursière atteignant 292 milliards US.

RIM, dont le titre a chuté de 55% pendant la seule présente année, se vend pour moins de cinq fois ses bénéfices par action de 5,49$US au cours de son exercice qui se terminera en février 2013, selon des estimations d'analystes compilées par Bloomberg.