Les Canadiens devraient être en mesure de regarder ce qu'ils veulent sur leurs appareils cellulaires, indifféremment de l'entreprise de télécommunications sans fil choisie et des ententes exclusives signées par les diffuseurs, a plaidé Rogers Communications (RCI-B.TO) devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), lundi, à Gatineau.

Rogers estime que si les compagnies sont autorisées à signer des ententes d'exclusivité en matière de contenu pour téléphones intelligents et autres appareils du genre, cela pourrait vouloir signifier que les consommateurs devront s'abonner à de multiples services et avoir plusieurs appareils afin d'accéder à tout le contenu souhaité.

À moins que le contenu soit partagé de façon juste, les consommateurs en pâtiront, a affirmé Phil Lind, vice-président de Rogers, qui possède l'équipe de baseball des Blue Jays de Toronto.

«Vous pourriez facilement vous retrouver avec Bell possédant les droits (de diffusion des matches de) la LNH, Rogers possédant les droits relatifs aux ligues majeures de baseball, et Shaw possédant le contenu de football de la NFL», a-t-il déclaré lors des audiences.

«Les amateurs de sports seraient obligés d'acheter trois appareils iPhone ou iPad et de s'abonner chez trois fournisseurs afin de s'assurer qu'ils puissent voir toute l'action au moment où ils le souhaitent et quand ils le souhaitent», a ajouté M. Lind.

Rogers a été la première entreprise à faire valoir son point de vue dans le cadre de six jours d'audiences tenues par le CRTC au sujet de la propriété de compagnies du secteur des médias par des diffuseurs nationaux.

Les entreprises ne devraient pas être tenues de rendre accessible à la concurrence le contenu produit expressément pour les sites Web et les appareils sans fil, mais la totalité du matériel de diffusion devrait être disponible pour tous, a fait valoir Rogers.

Néanmoins, Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Quebecor [[|ticker sym='QBR-B.TO'|]], qui contrôle le câblodistributeur Vidéotron de même que l'éditeur de journaux Sun Media et le réseau TVA, a réclamé durant sa présentation une réglementation moins restrictive.

M. Péladeau a rejeté du revers de la main les préoccupations exprimées par Rogers.

«Voilà ce que c'est que la concurrence», a-t-il déclaré à des journalistes à la suite de son intervention devant le CRTC.

«En fin de compte, vous aurez différents produits sur différents appareils, et je crois que c'est de cette façon qu'il sera possible d'alimenter la concurrence parce que sinon, ce sera la même chose partout», a ajouté M. Péladeau.

Le grand patron de Quebecor s'est dit en faveur des ententes exclusives, même si cela pourrait vouloir dire que les clients de Vidéotron ne puissent pas regarder sur leurs téléphones intelligents les matchs du Canadien de Montréal, équipe de hockey dans laquelle Bell possède une participation minoritaire.

«Si nous pouvons faire une offre, nous ferons une offre, a-t-il dit. C'est ce qui sera le mieux, non seulement pour les actionnaires, mais aussi pour le marché tout entier.»

Bell, du groupe BCE [[|ticker sym='BCE.TO'|]], et Telus [[|ticker sym='T.TO'|]] doivent passer devant la commission mardi. Shaw Communications [[|ticker sym='SRJ-B.TO'|]] fera de même le lendemain.

Ces dernières années, une bonne partie du secteur privé de la radiodiffusion au pays a été avalée par une poignée de grandes entreprises de télécommunications.

Le président du CRTC, Konrad von Finckenstein, a affirmé lundi que les distributeurs et services de programmation indépendants avaient exprimé des préoccupations, estimant qu'il fallait renforcer les règles afin de dissuader les entreprises intégrées verticalement d'adopter des pratiques anticoncurrentielles.

«Le conseil prendra en considération l'idée d'adopter de nouvelles mesures ou d'améliorer les mesures actuelles seulement s'il est convaincu qu'elles sont nécessaires pour maintenir un marché concurrentiel ainsi que pour l'atteinte des objectifs de la Loi sur la radiodiffusion», a-t-il déclaré.