Alors que le CRTC se penche sur les conséquences de la convergence, Cogeco dénonce ses négociations difficiles avec Bell, qui demanderait une hausse des redevances de plus de 85% sur certains de ses réseaux de télé les plus populaires.

Cogeco a transmis les informations sur ses négociations avec Bell Média de façon confidentielle au CRTC en vue des audiences sur l'intégration verticale qui commencent lundi. Sans une nouvelle réglementation, Cogeco estime que son coût d'acquisition de certaines chaînes de Bell Média augmentera de plus de 85% en 2011 comparativement à l'année précédente. Bell a acquis les réseaux de télé de CTVglobemedia (incluant notamment RDS, TSN, CTV, MTV et Bravo! Canada) pour 1,3 milliard de dollars l'an dernier.

Selon son mémoire déposé au CRTC, Cogeco n'aura « pas le choix de passer la facture aux consommateurs car il n'est pas envisageable d'abandonner ces chaînes en raison du risque de perdre des abonnés chez le concurrent intégré (Bell Télé). ». Selon Cogeco, de telles tactiques de négociations réduisent les marges de profits des distributeurs indépendants et constituent un abus de pouvoir selon la Loi sur la concurrence. Cogeco n'a pas voulu commenter ses allégations avant le début des audiences du CRTC lundi.

Bell n'a pas voulu non plus commenter les allégations spécifiques de Cogeco. De façon générale, l'entreprise trouve plutôt difficile de négocier avec ses concurrents actuellement. « Au lieu de se plaindre, nos concurrents n'ont qu'à négocier avec nous, dit Mirko Bibic, chef des affaires réglementaires de Bell. Mais les concurrents préfèrent faire un gros drame réglementaire au lieu de se fixer comme objectif de conclure une entente. »

Sans donner d'exemple précis, Radio-Canada admet que les négociations sont difficiles avec les entreprises intégrées. « C'est plus difficile qu'avant car elles ont plus de pouvoirs de négociations en contrôlant l'accès aux consommateurs », dit Steven Guiton, vice-président des affaires réglementaires de Radio-Canada.

Quant à V, le réseau généraliste francophone trouve difficile d'opérer dans un marché dominé par Quebecor. « Dans les faits, il est à toutes fins utiles impossible pour une entreprise non liée de lancer un service spécialisé de catégorie B de langue française sans une distribution assurée par Vidéotron et une mise en marché efficace, tandis que Quebecor Média peut mettre à contribution toutes ses entités pour supporter le lancement de (ses chaînes) », écrit V dans son mémoire au CRTC. Le président et chef de la direction de V, Maxime Rémillard, n'était pas disponible pour préciser sa pensée.

Le constat de V est cependant partagé par l'ancien vice-président du CRTC, Michel Arpin. « Si tu n'as pas d'entente avec Vidéotron, tu n'as pas de business au Québec car Vidéotron y contrôle environ 80% de la câblodistribution», dit-il.