Sans surprise, les ventes des manufacturiers ont fléchi en avril, en particulier dans l'industrie automobile qui était perturbée par la rupture des chaînes d'approvisionnement en provenance du Japon.

> Les ventes des fabricants par industrie, selon Statistique Canada

Par rapport à mars, leur valeur a reculé de 1,3%, à hauteur de 46,67 milliards de dollars, a indiqué Statistique Canada hier. En volume, le repli atteint 1,8% et efface presque complètement le gain du mois précédent.

La faiblesse était généralisée et répartie partout au le pays. Toutes les provinces sauf l'Alberta ont enregistré des reculs, celui du Québec atteignant 1,3%.

Même si 15 des 21 segments manufacturiers ont diminué, c'est avant tout dans la grande catégorie du matériel de transport que la faiblesse s'est concentrée. La valeur des livraisons a chuté de 7,8%, plombée par les baisses importantes dans les livraisons de véhicules et de pièces ainsi que par le repli de l'industrie aéronautique dont les livraisons fluctuent beaucoup sur une base mensuelle.

La fabrication d'aliments, deuxième segment en importance après le matériel de transport, a en partie compensé ces reculs avec un gain de 1,8%. Les produits chimiques, de même que les métaux de première transformation et les produits métalliques sont les autres catégories dont les ventes ont augmenté.

Le recul des expéditions manufacturières en avril était prévisible, surtout depuis qu'étaient connus les chiffres de la balance commerciale qui montrait un déficit de plus de 900 millions.

En fait, plusieurs obstacles sont apparus au printemps, outre les catastrophes japonaises. «Le dollar canadien était en pleine ascension et il a atteint un sommet cyclique de 1,0587$US le 29 avril», rappelle Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Cela a entravé la compétitivité des usines canadiennes au moment où l'économie américaine montrait des signes d'affaiblissement.

Tout indique malheureusement que le fléchissement d'avril s'est poursuivi en mai. «Le rapport sur la production industrielle aux États-Unis indique une baisse de 0,5% des ventes manufacturières dans le secteur automobile pour mai, fait remarquer Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. En outre, les 23 000 emplois perdus dans la fabrication en mai n'indiquent certainement pas une reprise le mois prochain des usines canadiennes.»

Faute de trouver preneur pour toute leur production, les manufacturiers ont stocké. Les niveaux ont augmenté de 1,25, à hauteur de 62,7 milliards. Il faut remonter à mai 2009, alors que s'éteignait la récession pour retrouver un tel niveau. Au moment où le Canada entrait en récession, la valeur des stocks dépassait les 68 milliards.

Avec l'augmentation d'avril, le ratio des stocks aux ventes atteint 1,34, le niveau le plus élevé depuis septembre. Cela signifie que les stocks équivalent à 40 jours de vente. Les stocks se sont accrus surtout dans les métaux de première transformation ainsi que dans les produits du pétrole et du charbon.

La valeur des nouvelles commandes a diminué de 10,3%, effaçant le bond équivalent de mars. Dans les deux cas, l'industrie aéronautique aura fait la différence.

La valeur des commandes en carnet, qui reflète mieux le niveau d'activité manufacturière des prochains mois, était à la hausse pour le quatrième mois d'affilée. À hauteur de 57,6 milliards, elle est à son niveau le plus élevé depuis juin 2009.

Les ventes des manufacturiers canadiens ont augmenté au cours de 16 des 23 mois du présent cycle de croissance, mais elles demeurent encore 12% de leur sommet d'avant récession, note Francis Fong, économiste chez TD. «Nous continuons de croire que la reprise du secteur manufacturier va se poursuivre. La volatilité et l'incertitude au cours de la reprise actuelle ne sont pas vraiment des nouveautés pour les fabricants canadiens qui montrent beaucoup de résilience.»