La grappe financière de Toronto a le vent dans les voiles. Sa bonne traversée de la récente crise financière et bancaire a retenu l'attention dans le monde.

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Ce secteur de 230 000 emplois directs à Toronto a défié la récente récession dans le sud de l'Ontario, souligne-t-on au TFSA, la Toronto Financial Services Alliance, aînée torontoise de la grappe Finance Montréal.

Et maintenant, Toronto attire une nouvelle vague d'institutions financières étrangères, d'Europe et même de Chine.

Toronto a récemment été promu au club sélect des 10 principales villes financières du monde, selon le Global Financial Centres Index qui est établi annuellement par une firme d'analyse de Londres.

Il s'agit d'un gain de deux positions - du 12e au 10e rang - en un an seulement dans un classement où Montréal se classe dans la haute vingtaine.

La grappe financière de Toronto figure aussi parmi les 10 plus importantes du monde selon le classement établi par The Banker, influent magazine financier publié à Londres.

En Amérique du Nord, Toronto est encore évaluée au troisième rang des places financières, après New York et Chicago.

Mais selon le Global Financial Centres Index, l'écart entre Toronto et Chicago s'est rétréci considérablement. Au point où, si la tendance persiste, Toronto pourrait bientôt prétendre au deuxième rang nord-américain.

«La récente crise financière et la récession ont démontré l'importance pour l'économie d'un pays d'avoir un secteur financier solide. Le Canada s'est acquis une bonne réputation et c'est Toronto qui en profite le plus en tant que capitale financière. Mais ça bénéfice aussi à l'économie de tout le pays», a souligné Janet Ecker, présidente de TFSA, lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

En ce sens, Mme Ecker dit apprécier la mise sur pied récente de la grappe Finance Montréal, annoncée en novembre dernier.

«C'est nécessaire que d'autres villes d'affaires importantes du Canada comme Montréal participent à une meilleure coordination de l'essor des services financiers, ainsi que leur promotion au pays et à l'étranger», dit-elle.

Un exemple à suivre ici?

Janet Ecker souhaite une collaboration régulière avec Finance Montréal, lorsqu'elle aura achevé son démarrage.

«Il y aura toujours une certaine rivalité, notamment pour attirer des financiers internationaux. Mais nous avons aussi beaucoup d'enjeux communs face à cette mondialisation des services financiers et bancaires», signale Mme Ecker.

Chez Finance Montréal, le directeur intérimaire, Jean Houde, indique que l'organisation termine la création des comités professionnels sur les sujets prioritaires d'intervention: les produits dérivés (spécialité de la Bourse de Montréal), l'entrepreneuriat financier, le positionnement international de Montréal et les ressources humaines en finance.

Par ailleurs, Finance Montréal doit encore se doter d'un directeur général à temps plein et de quelques adjoints, ce qui est prévu au cours des prochains mois.

À Toronto, le TFSA est géré par une dizaine d'employés. L'organisme bénéficie aussi d'une expérience de quelques années en coordination et en promotion qui, espère Mme Ecker, devrait inspirer Finance Montréal.

Un exemple de cette expérience? Toronto vient d'accueillir le premier bureau à l'étranger de l'une des plus importantes institutions financières de Chine, China Investment Corporation (CIC), qui gère 300 milliards US en actif direct.

Or, cette décision de CIC arrive peu de temps après une mission commerciale de l'Ontario en Chine, l'an dernier, dont TFSA était l'un des organisateurs.

Le mois dernier, c'est à Londres que TFSA a tenu une autre mission avec certains de ses membres ayant une affiliation professionnelle en Europe, ainsi que le ministre ontarien des Finances, Dwight Duncan.

TMX et autre sujet chaud

Cette mission a eu lieu alors que le projet de regroupement de la société boursière TMX, de Toronto, avec la Bourse de Londres suscite un vif débat dans la finance torontoise.

C'est sans compter la contre-proposition d'origine canadienne: le groupe Maple, composé de banques et importantes caisses de retraite.

À ce sujet, Janet Ecker s'en tient à une position mitoyenne.

D'une part, le projet de Londres est intéressant avec son potentiel de liens internationaux pour la grappe financière de Toronto, «à condition que ça consolide ses forces comme les ressources naturelles».

D'autre part, selon Mme Ecker, la contre-proposition de Maple a le mérite de maintenir le contrôle canadien d'une institution financière-clé à Toronto.

Mais la présidente de TFSA est plus décisive envers un autre sujet chaud dans le milieu financier: l'établissement d'une commission nationale de valeurs mobilières, proposé par Ottawa et soutenu ardemment par l'Ontario.

«C'est un projet inévitable pour la compétitivité financière du Canada dans le monde, et qui devrait être dirigé de Toronto», selon Mme Ecker.

Cela dit, elle insiste sur le «statut national et non fédéral» d'une telle commission, sous le contrôle conjoint des provinces.

«Une commission nationale doit demeurer flexible avec les enjeux régionaux. Car même sous une supervision regroupée, les milieux d'affaires de Montréal, de Toronto ou de Calgary garderont des besoins différents.»