Pour la première fois de son histoire, le Forum économique international des Amériques sera le théâtre de la remise d'un doctorat honoris causa.

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, recevra cet honneur des mains du recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton.

«Cela met en relief la relation étroite que veut établir la Conférence de Montréal avec les universités», explique en entrevue son président fondateur Gil Rémillard.

L'Université McGill est aussi très présente. Sa vice-chancelière Heather Munroe-Blum présidera une plénière.

M. Trichet, qui doit céder les commandes de la BCE cet été, ne se reposera pas sur ses lauriers de longues minutes. Il est le conférencier du déjeuner de ce midi.

Lors de son passage précédent, il avait fait une forte impression puisqu'il s'était exprimé au lendemain même du référendum français qui avait rejeté le projet de constitution européenne.

Cette fois-ci, son discours doit s'inscrire dans le thème de cette 17e présentation de la Conférence: Un ordre économique en changement: nouvelles réalités, nouveaux modèles.

Il y sera question de développement durable, de sécurité et d'innovation dans la santé au moment où le Canada découvre avec effroi qu'un de ses citoyens a créé une nouvelle bactérie résistante aux traitements traditionnels, une bactérie qu'on croyait confinée à certains pays d'Asie. «La mondialisation, c'est aussi celle des épidémies», rappelle M. Rémillard.

La sécurité toujours importante

Le président de l'Organisation de coopération et de développement économique Angel Guerra sera de plusieurs tribunes. Habitué de la Conférence, il jouera un rôle plus important cette année qui correspond au 50e anniversaire de l'OCDE, qui regroupe 33 pays économiquement avancés. «Il présentera le rapport de l'OCDE pour une croissance verte», précise M. Rémillard, qui souligne que l'OCDE est devenue, par la qualité de ses recherches, le laboratoire d'idées du G20. Elle apporte une dimension humaine à la science économique trop souvent monopolisée par les intérêts financiers. M. Gurria sera interviewé par Perrin Beatty, président de la Chambre de commerce du Canada. Cette entrevue sera par la suite commentée par le ministre des Finances, Jim Flaherty, qui aura présenté son budget la veille.

Compte tenu de la fragilité observable de la reprise, la Conférence accorde une dimension importante à la notion de sécurité. «Au lendemain de la mort de ben Laden, nous devons faire le point sur le terrorisme international», affirme M. Rémillard. L'expertise en la matière de l'ancien président pakistanais Pervez Musharraf de même que celle du gouverneur de la province afghane de Kandahar, Tooryalai Wesa, permettront sans doute de mieux apprécier que la région reste extrêmement dangereuse. «Il s'agira de l'information la plus complète sur le terrorisme et sa source au sein d'un événement privé», insiste M. Rémillard qui rappelle que le Pakistan, tout comme son grand voisin, l'Inde, possède l'arme atomique.

Nouveaux marchés

Qui dit mondialisation dit aussi nouveaux marchés et nouvelles occasions. Dans le premier cas, la thématique consacrée à l'Amérique latine permettra de jauger la forte avancée de cette région du monde trop longtemps négligée.

Dans le second, il faut noter l'offensive de séduction faite par la Floride. L'État des oranges, comme il aime se nommer sur ses plaques d'immatriculation, tiendra une journée complète de réseautage demain alors que son gouverneur Rick Scott sera conférencier mercredi midi entre plusieurs rencontres bilatérales.

Car la Conférence de Montréal, c'est aussi l'occasion de nouer des contacts avec des partenaires éventuels étrangers.

Voilà qui explique son succès répété et le fait qu'elle ouvre ses travaux presque à guichets fermés, malgré des frais d'inscription de quelque 500$ par jour ou de 1400$ pour un forfait complet.