Quel est le prix d'un lac, d'une forêt ou d'une vue sur un espace vert? Une étude présentée jeudi au Royaume-Uni, la première de cette ampleur, s'est efforcée d'estimer la valeur des richesses offertes par la nature, en évaluant leur bénéfice pour l'économie et la société.

«Nous avons jusqu'à présent pris ce que nous donnait la nature comme acquis, sans comprendre que les services qu'elle nous rend ont un prix et que si nous la détruisons, cela nous coûtera très cher», a expliqué sur la BBC la ministre britannique de l'Environnement Caroline Spelman, en commentant ce rapport commandé par le gouvernement.

Plusieurs pays ont déjà tenté de mesurer la valeur économique de certains biens naturels comme les forêts, mais c'est la première fois qu'une étude d'une telle ampleur est conduite, a-t-elle fait valoir, assurant que le gouvernement en tiendrait compte dans ses choix futurs.

Les auteurs de cette «évaluation de l'écosystème national britannique» sont partis du constat que seule comptait actuellement la valeur marchande des biens -par exemple du bois ou des récoltes- et que la protection de l'environnement était considérée uniquement en terme de coût, avec pour conséquence la dégradation des ressources.

«Grosso modo, 30% de ressources que nous offre l'écosystème sont déjà dégradées ou en déclin», a souligné le professeur Bob Watson, codirecteur du projet.

Ce rapport de 2000 pages s'efforce de mettre en lumière la valeur cachée de la nature en Grande-Bretagne, «une manne de plusieurs milliards» en termes économiques.

Les abeilles et autres insectes qui permettent la pollinisation représenteraient ainsi 430 millions de livres par an pour l'agriculture britannique (environ 688 millions de dollars).

Autre exemple, les zones humides à l'intérieur des terres représenteraient un apport de 1,5 milliard de livres (2,26 milliards de dollars), en raison de leur impact sur la qualité de l'eau.

Disposer d'une habitation avec vue sur un espace vert peut être évalué à 300 livres par an et par personne (480 dollars), en termes de bénéfice pour la santé. Quant au fait de vivre dans un environnement riche en rivières, lacs et côtes, il constitue un bénéfice évalué à 1,3 milliard de livres par an (1,98 milliard de dollars) pour les Britanniques.