Avec ses 600 millions d'utilisateurs à travers le monde, c'était une question de temps avant que Facebook ne rentabilise son bouton «J'aime» et se transforme en gigantesque centre commercial virtuel. Le commerce social ou f-commerce a de beaux jours devant lui si on se fie aux prévisions des experts des tendances en commerce électronique.

«Si j'avais à gager, je dirais que le commerce social sera LA prochaine tendance à exploser», déclarait le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, en août dernier. Or on le sait, M. Zuckerberg se trompe rarement.

«Chaque jour, 10 000 sites commerciaux intègrent Facebook et on estime que les ventes en ligne atteindront 30 milliards de dollars US au cours des cinq prochaines années», affirme Janice Diner, experte en publicité et co-fondatrice de l'entreprise Horizons qui se spécialise dans les stratégies commerciales sur les réseaux sociaux.

Invitée à présenter les plus récentes données en matière de commerce social dans le cadre de la conférence Mesh 2011 qui avait lieu cette semaine à Toronto, Mme Diner a brossé un portrait très optimiste de cette nouvelle tendance qui consiste à magasiner selon les goûts et les recommandations de ses amis virtuels.

C'est ce qui distingue le commerce social du banal commerce électronique. Les recommandations et le partage, deux principes à la base de Facebook, deviennent un formidable outil de persuasion dans un contexte commercial. «Ce ne sont plus les conseillers en vente qui vous disent que la paire de jeans vous va bien, ce sont vos amis», observe Janice Diner qui énumère toutes les grandes marques qui ont désormais une vitrine dans Facebook : Starbucks, Sears, Delta, Disney, Chanel, Proctor & Gamble, etc.

Une présence sur Facebook permet également aux grandes marques de développer des nouvelles stratégies de vente. Vous êtes adeptes de la marque Chanel sur Facebook? On vous avertira à l'avance des nouvelles collections et on vous offrira l'opportunité d'acheter sa nouvelle ligne de rouge à lèvres avant même que celle-ci ne soit disponible en magasin.

Autre exemple : en 2010, Pampers et Pantene ont commencé à vendre des échantillons directement aux consommateurs sur leur page Facebook. En moins d'une heure, Pampers avait vendu 1000 paquets de couches au prix de 9,99$ et ce, sans aucune présence physique dans un magasin.

Selon Janice Diner, les nombreuses études de marché ont démontré que les gens qui cliquent sur les boutons «J'aime» de Facebook sont plus actifs, engagés et connectés que la moyenne. Ils sont donc de meilleurs consommateurs. Autre argument qui convainc les commerçants d'être présent dans le réseau social: la fidélité des consommateurs à une marque se traduit concrètement par une augmentation de 21 % en terme de ventes.

Le succès de l'entreprise repose donc sur la quantité d'informations personnelles que les utilisateurs de Facebook sont prêts à partager avec leurs réseaux de contacts. Plus on en sait sur vous, plus on peut vous «aider» dans vos achats. Ainsi, un utilisateur qui visiterait le site Amazon par l'entremise de Facebook Connect (une application qui permet de partager les informations personnelles de notre compte Facebook avec un autre site), serait identifié et reconnu dès son arrivée sur le site. Amazon pourrait donc vous informer que mardi, c'est l'anniversaire de votre copine Julie et que Julie adore Arcade Fire. Vous n'avez qu'à cliquer sur un bouton et le dernier opus du groupe montréalais sera acheté, payé et envoyé à votre amie sans que vous ayez eu à bouger de votre chaise.

Dans le secteur de la mode, le commerce social consiste à transformer l'expérience d'achat en ligne en grosse séance virtuelle de magasinage entre copines. Des exemples : la boutique Levis sur Facebook permet de voir les modèles de jeans que nos amis ont aimés et achetés, et de les acheter à notre tour. À Madrid, l'an dernier, la marque Diesel a tenté une expérience : les clientes pouvaient lire un code QR à l'aide de leur téléphone, code qui les menait directement sur le site Facebook de la marque qui les invitait à cliquer le bouton J'aime, rendant ainsi l'information accessible à tout le réseau d'amis Facebook. Macy's a tenté une expérience similaire en septembre dernier en créant le Macy's Magic Mirror qui permettait aux clientes de montrer leur nouveau look a leurs amies qui pouvaient donner leur appréciation.

Au fond, plus vous acceptez de vous dévoiler sur le web et plus on vous incitera à consommer.