Les chiffres du PIB américain publiés jeudi confirment que l'économie des États-Unis a nettement ralenti pendant l'hiver et commencent à faire douter de la vigueur et de l'éventuelle accélération de la reprise.

Le département du Commerce a maintenu son estimation selon laquelle la croissance du produit intérieur brut du pays était tombée à 1,8% en rythme annuel au premier trimestre, après 3,1% au quatrième.

Les analystes s'attendaient au contraire à une révision à la hausse de la première estimation, à 2,0%, selon leur prévision médiane.

Deux chocs extérieurs ont lourdement pesé sur l'économie américaine au premier trimestre: la hausse du pétrole provoquée par l'instabilité dans le monde arabe, et le séisme du 11 mars au Japon. La première grève fortement le pouvoir d'achat des ménages. Le second a entraîné des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement, en particulier pour l'industrie automobile.

Le maintien du chiffre de la croissance masque un certain nombre de variations dans les composantes du PIB, qui se sont neutralisées.

La révision à la hausse des exportations, de l'accélération des re-stockages et de l'investissement privé hors logement a été compensée entièrement par les effets conjugués de l'une réévaluation des importations à la hausse et d'une révision en baisse de 0,5 point de la progression de la consommation.

C'est cette dernière qui inquiète le plus les analystes: les chiffres du ministère montrent qu'après quatre trimestres d'accélération, la hausse des dépenses des ménages, moteur habituel de la croissance économique du pays, est tombée à 2,2% pendant l'hiver (contre 4,4% à l'automne).

Pour les analystes de RDQ Economics, «les chiffres du PIB sont un peu décevants et devraient alimenter les craintes que l'économie ne progresse pas autant qu'on le pensait jusque-là».

La banque centrale (Fed), le Fonds monétaire international et la plupart des analystes ont revu à la baisse depuis avril leur prévision de croissance de pour 2011.

D'une manière générale, ils tablent sur une accélération d'ici à la fin de l'année de l'activité aux États-Unis, mais estiment que celle-ci devrait être insuffisante pour dépasser nettement les 2,9% de croissance enregistrés en 2010.

Michael Gapen, de Barclays Capital, juge que la révision de la consommation «laisse penser que la poussée de l'indice général des prix provoquée par le renchérissement de la nourriture et de l'énergie au premier trimestre a pesé plus que prévu sur les dépenses réelles des ménages».

Or, note Nigel Gault, du cabinet IHS Global Insight, «l'effet d'étouffement provoqué par le niveau élevé des prix des matières premières» se poursuit, et les effets du séisme japonais sur la chaîne d'approvisionnement des constructeurs automobiles se fait encore sentir.

«La plupart des données qui nous parviennent tendent à prouver que l'élan de la reprise est plus faible» qu'on ne le pensait, ajoute-t-il, indiquant avoir revu à la baisse sa prévision de croissance pour le deuxième trimestre, à 2,5-3,0%, ce qui serait tout juste conforme au potentiel du pays.

Son confrère Ian Shepherdson, du cabinet HFE, est d'accord. Pour lui, l'activité devrait encore apparaître «molle» au deuxième trimestre, «mais les choses iront mieux au second semestre à mesure que la pression du pétrole diminuera».