Le propriétaire du premier moteur de recherche en Russie, Yandex (YDNX), a effectué une entrée en trombe mardi à la Bourse de New York, profitant de l'engouement pour les sociétés internet, une semaine après l'arrivée fracassante du réseau social LinkedIn sur le marché.

Vers 12h45, l'action s'échangeait à 35,25 dollars, en hausse de 40,80% sur la Bourse électronique Nasdaq.

Selon un document transmis aux autorités boursières, le «Google russe», a placé 52 millions d'actions au titre unitaire de 25 dollars, levant au total 1,3 milliard de dollars.

Sur cette somme, 365 millions de dollars reviennent directement à la société, qui compte utiliser cette somme notamment pour investir «dans les infrastructures en technologie, en particulier des nouveaux serveurs et des centres de données». Les actionnaires existants empochent le reste.

L'opération valorisait à 8 milliards de dollars le groupe internet russe, dont la valeur passe même à plus de 11 milliards avec le bond enregistré en cours de séance.

La semaine dernière, le réseau social américain à usage professionnel LinkedIn avait vu son cours plus que doubler pour sa première séance de cotation sur le New York Stock Exchange.

Début mai, c'est le «Facebook chinois», Renren qui avait bondi de près de 30% pour son premier jour à Wall Street.

«Les investisseurs sont attirés par les sociétés internet à forte croissance, surtout celles qui sont en position dominante sur leur marché», explique à l'AFP Stephanie Chang, analyste du cabinet Renaissance Capital.

Yandex (Yet another indexer) affirme avoir généré 64% du trafic de recherche sur internet en Russie en 2010. Il a dégagé cette année-là un bénéfice net de 134,3 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 439,7 millions de dollars, affichant un bond de 44% de ses ventes par rapport à 2009.

Dans un document transmis aux autorités boursières américaines (SEC), la société prévient toutefois qu'il sera «difficile de maintenir notre niveau de croissance».

Yandex a été fondé en 1997 par Arkadi Volozh et Ilya Segalovitch, qui s'étaient rencontrés sur les bancs d'une faculté de maths-physique à Almaty (Kazakhstan).

Les deux hommes sont entrés cette année dans le classement des personnalités les plus riches de l'édition russe du magazine Forbes, respectivement aux 114e et 159e places, avec des fortunes estimées à 900 millions de dollars et 600 millions.

Ils ont repoussé les avances du géant américain Google, qui leur proposait une alliance en 2003, puis en 2008 de l'oligarque Alicher Ousmanov, qui voulait acheter 10% du capital.

M. Ousmanov s'est ensuite tourné vers le groupe Mail.ru qui a maintenant des parts dans Facebook et s'est introduit en novembre à la Bourse de Londres, opération qui l'avait valorisé autour de 5,7 milliards de dollars.

Pour un opérateur de marché interrogé par l'AFP, le succès de l'entrée de Yandex à Wall Street relève du «phénomène de mode» après l'envolée de LinkedIn.

«Popularité, audience, c'est une chose, générer des liquidités, cela en est une autre», souligne-t-il.

Par ailleurs, la Russie, si elle offre comme les autres pays émergents des perspectives de forte croissance, «n'est toujours pas une économie, un système juridique des plus transparents», relève cet analyste d'une grande banque européenne.

Dans le dossier transmis à la SEC, Yandex évoque longuement les difficultés propres à son pays: régulation d'internet balbutiante, cadre fiscal complexe, interventions des autorités dans les affaires, mais aussi incertitude politique à un an de l'élection présidentielle et répercussions des conflits dans le Caucase.

Il avait annoncé début mai avait avoir été contraint de divulguer aux services secrets russes (FSB) des informations financières concernant un blogueur populaire, pourfendeur de la corruption.